TOM À LA FERME
Tom fait le voyage de Montréal jusqu’à un trou paumé pour les funérailles de son compagnon. Une fois arrivé, il s’aperçoit que la mère du défunt ignorait son existence et l’homosexualité de son fils. Francis, le frère aîné du disparu, force Tom à mentir sur les liens qui l’unissaient à son frangin. Commence alors un jeu de dupes malsain.
Ferme-la à la ferme
Changement radical. Pour son quatrième film après J’ai tué ma mère, Les amours imaginaires et Laurence Anyways, Xavier Dolan délaisse le (beau) maniérisme pop dont il avait jusqu’alors fait sa marque de fabrique. Tom à la ferme s’ouvre sur des mots de chagrin couchés au feutre bleu et filmés en gros plan. Puis, une célèbre chanson interprétée a capella et en intégralité accompagne le trajet en voiture du héros. Cette entame est, à une ou deux exceptions près (l’esthétique eighties branchouille de certaines tenues…), la seule concession faite aux touchantes afféteries de style dont le prodige du cinéma québécois a le secret. Le quasi huis-clos campagnard n’offrira aucune respiration clipesque : la mise en scène se met entièrement au service de l’atmosphère anxiogène qui investit l’écran dès que Tom pose le pied à la ferme.
Le mensonge – auquel Tom est contraint de se plier – s’ajoute à une foule d’autres thèmes (l’homophobie, l’opposition ville/campagne, la culpabilité, la difficulté d’assumer ses actes, l’incommunicabilité…) pour tisser la trame d’un thriller psychologique dense, ravivant constamment la flamme de l’angoisse. L’intrigue se noue autour de la relation confuse entre Tom et Francis. Fascination-répulsion, attraction-dégoût, domination-soumission, dépendance-rébellion, amour-haine… : les deux hommes éprouvent tout et son contraire d’une scène à l’autre. François Truffaut disait qu’Alfred Hitchcock filmait « les scènes d’amour comme des scènes de meurtres et les scènes de meurtres comme des scènes d’amour ». On pourrait appliquer la formule à Tom à la ferme. Les scènes violentes entre les deux acteurs principaux portent une indéniable charge érotique. Ce qui, avec les ruptures de ton auxquelles Xavier Dolan aime se prêter, ajoute au trouble ressenti par le spectateur.
A la fois oppressant – un sentiment de menace plane constamment sur le film – et émouvant (le personnage de la mère – interprété par Lise Roy qui a joué le rôle au théâtre – est infiniment touchant), Tom à la ferme nous laisse quelque peu pantelant. Toutes les vérités ne sont peut être pas bonnes à dire, mais tous les mensonges ne sont pas bons à vivre.
Initialement publié le 5 avril 2014
La ficheTOM A LA FERME
Réalisé par Xavier Dolan
Avec Xavier Dolan, Pierre-Yves Cardinal, Lise Roy, Evelyne Brochu…
Canada – Thriller psychologique
16 avril 2014
Durée : 102 min
La bande-annonce laissait déjà entendre un changement de direction, voire d’intention dans la mise en scène. A la lumière de cet article j’ai d’autant plus hâte de voir le résultat sur grand écran.
[…] TOM À LA FERME […]
[…] Cardinal est aussi enjoué et décontracté que Francis, le personnage qu’il incarne dans Tom à la ferme le thriller psychologique de Xavier Dolan, est ténébreux et torturé. Un rôle qui a tout pour le […]
[…] l’occasion de la sortie de Tom à la ferme en salles, petit retour sur les séquences phares et inoubliables de ses trois premiers films, en […]
Bon, je me dis que malgré notre débriefing de vive voix, il me faut tout de même une réaction ici. Ce film est pour moi le moins réussi et le moins abouti de sa filmographie. Si Laurence Anyways avait de vrais défauts (à commencer par son inutile longueur), TALF souffre d’échecs beaucoup plus pénalisants.
1 / Il échoue à instaurer une atmosphère véritablement anxiogène dès l’intrusion nocturne de Francis dans la chambre de Tom.
2 / L’adaptation me parait bancale. On ressent encore trop la théâtralité dans la juxtaposition des scènes, les dialogues et le jeu des acteurs…
3 / Xavier Dolan peine autant à convaincre derrière la caméra que devant. Son jeu est franchement trop appuyé et sa mise en scène hyper-référentielle repose sur des artifices aussi envahissants que redondants (la partition musicale, le cadrage…).
4 / Tout le segment autour de Sara est complètement raté. Son arrivée, la confrontation avec la mère, le coïtus-automobilus avec Francis…
5 / Un scénario franchement trop minimaliste, elliptique et du coup assez paresseux.
6 / L’opposition rat des villes / rat des champs est franchement lourdingue.
7 / Toute la thématique du transfert n’est pas foncièrement inintéressante mais j’ai eu l’impression d’assister à un enfonçage de portes ouvertes et, surtout, d’avoir déjà vu ce thème traité et beaucoup mieux chez d’autres. La dimension psychologique est un peu insuffisante à mes yeux, c’est là où le bât blesse, lorsque tu revendiques le fait d’avoir réalisé un « thriller psychologique ».
Malgré tout, je retiens quelques bonnes choses :
1 / Les vingt-trente premières minutes.
2 / La scène du champ de blé.
3 / La poursuite dans la forêt et le départ avec un Francis abattu au bord de la route.
4 / Toute l’introduction, du superbe discours écrit sur un mouchoir à l’arrivée à la ferme.
Enfin, pour réagir à ta critique :
– Tu parles de tension érotique, je trouve qu’elle est plus ridicule que réussie.
– Tu as trouvé la mère émouvante, je l’ai trouvé simplement folle et exaspérante.
Bonjour, concernant ce film, j’ai été gênée par la psychologie des personnages: Francis n’est vraiment pas net dans ses actes, quant à Tom, je reste perplexe sur son attitude. Ca part dans tous les sens. La mère est aussi perdue que cette ferme lugubre. C’est un film lugubre qui se termine mieux (pour Tom) que ce que à quoi, je m’attendais. Regardable une fois mais pas plus. Bonne journée.
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