TOTAL RECALL
La planète Terre, 2048. Hanté par un cauchemar qui l’entraîne chaque nuit sur Mars, Doug Quaid s’adresse à un laboratoire, Rekall, qui lui offre de matérialiser son rêve grâce à un puissant hallucinogène. Mais l’expérience dérape : la drogue réveille en lui le souvenir d’un séjour bien réel sur Mars, à l’époque où il était l’agent le plus redouté du despote Cohaagen. Des tueurs désormais à ses trousses, Quaid décide de repartir sur la planète rouge où l’attendent d’autres souvenirs et bien d’autres dangers…
Critique du film
Le scénario de Total Recall est tiré d’une nouvelle de Philip K. Dick, auteur de science fiction plusieurs fois adapté au cinéma (Blade Runner, Minority Report, Paycheck, pour n’en citer que quelques exemples). Ces nombreuses transpositions prennent beaucoup de liberté avec le matériau d’origine, peut-être parce que l’univers de Dick est difficilement transposable en images ou parce qu’il est souvent tellement noir qu’une adaptation fidèle à son esprit torturé et labyrinthique effraierait certainement les producteurs des majors. Cela n’empêche pas certaines de ces adaptations d’être de franches réussites. Total Recall en fait partie.
Après des dizaines de réécriture du scénario et le désistement de plusieurs réalisateurs pressentis pour ce film, c’est finalement Paul Verhoeven qui œuvra aux manettes de cette production. Le metteur-en-scène néerlandais, qui avait déjà tourné plusieurs films dans son pays d’origine et deux aux Etats-Unis (La Chair et le sang et Robocop), jouit d’une réputation non usurpée de réalisateur provocateur, qui n’a peur ni de la violence, ni de la critique sociale ou politique. Et comme souvent chez les provocateurs, il semble à la recherche d’une certaine vérité, à l’image de sa vision du Moyen-Âge de La Chair et le sang qui tournait le dos à toutes les visions hollywoodiennes édulcorées de cette période.
Apparences trompeuses
C’est donc, avec Total recall, à un blockbuster bien atypique qu’on a droit, parce que la violence graphique qui y règne frappe par son intensité inhabituelle dans ce type de productions. Tout comme l’ambiguïté du film. Comment savoir si les souvenirs du héros sont authentiques ou fabriqués, si on n’a aucune possibilité de connaître la réalité des situations, comment savoir à qui se fier ?
Les effets spéciaux et les décors confèrent au film un aspect étrange, comme étant un peu datés ou dépassés visuellement par ce qu’on a vu depuis (le film date de 1990). Mais cette impression ne fait que nous conforter que nous nous trouvons dans un univers où tout n’est qu’apparence trompeuse. Où les leurres, les erzatz et autres trompe l’œil, chers à Philip K. Dick et son œuvre schizophrénique sont légions. Univers paranoïaque où on ne saura jamais où se trouvent alliés et ennemis, victoire et défaite ou rêve et réalité. Et on ne sera pas dupe du faux happy end qu’on peut interpréter de différentes manières.
Jouissif au premier degré mais aussi vrai film d’auteur, comme toujours chez Verhoeven, Total Recall mérite amplement plusieurs visions. Pour son casting, avec en tête Arnold Schwarzenegger – qui faisait preuve d’une belle auto-dérision – Sharon Stone et Michael Ironside, qu’on a pu revoir récemment avec la reprise de Scanners. Et pour son univers, à la fois très noir et ludique.
Bande-annonce
16 septembre 2020 (ressortie) – De Paul Verhoeven, avec Arnold Schwarzenegger, Sharon Stone