UN ÉTÉ CAPRICIEUX
La nonchalance d’un groupe d’amis qui tuent le temps au cours d’un été pluvieux va être secouée par l’arrivée d’un magicien vagabond accompagné de la belle Anna.
Critique du film
Réalisé en 1968, deux ans après son remarquable premier film, Trains étroitement surveillés, Un Eté capricieux était pour Jiri Menzel un film de commande, comme la plupart de ses autres longs-métrages. Mais, comme à chaque fois, le réalisateur de la Nouvelle Vague Tchèque s’approprie l’histoire d’une façon très personnelle avec ce mélange de drôlerie et de finesse, mais aussi un peu de cruauté et pas mal de poésie.
Adaptation d’un roman de Vladislav Vancura, l’histoire est celle de trois hommes qui passent ensemble de trois hommes qui passent ensemble des moments lors d’un été pluvieux. Un maître-nageur, un abbé et un major qui ont la cinquantaine, plus camarades que véritables amis tuent le temps et voient arriver dans leur petit village un funambule et sa charmante épouse, qui ne tarde pas à éveiller les désirs des trois hommes, qui tout à tour, vont chercher à séduire la belle, quitte à connaître des déconvenues, voire des mésaventures burlesques et cinglantes.
À travers cette histoire très plaisante et visuellement très réussie, Jiri Menzel qui endosse lui-même le rôle du funambule, nous livre une description de la nature humaine très contrastée, pas toujours reluisante – on sent la haine de l’étranger qui couve et qui peut réveiller les bas instincts de la meute et la misogynie dit ouvertement son nom – mais le fait avec une forme d’indulgence et de recul qui font d’Un Eté capricieux une œuvre tendre, généreuse et sensuelle. Les trois personnages, malgré leurs faiblesses, nous font rire et nous émeuvent. Arrivés à un âge charnière, où la vieillesse commence à pointer son nom et où on veut pouvoir jouir de la vie comme au temps de sa prime jeunesse, les péripéties que connaissent nos trois anti-héros et les joutes verbales au ton très littéraires auxquelles ils se livrent prennent une saveur toute particulière. La mélancolie s’invite mais toujours avec parcimonie et sans emphase, ni tristesse excessive donnant à ce film un ton à la fois hédoniste et désenchanté.
Les interprètes livrent des compositions cocasses et attendrissantes à la fois, particulièrement Rudolf Hrusinsky, égal à lui-même avec un mélange de drôlerie et de brutalité ; il savait se montrer un peu effrayant – la scène des points de suture – et en même temps profondément humain. Le film fit partie de la Sélection officielle au festival de Cannes 1968, mais cette édition fut interrompue et il n’y eut pas de palmarès. Il remporta en revanche le Grand Prix du Festival de Karlovy Vary de 1968, avec le Globe de Cristal du meilleur film.
Un Eté capricieux constitue donc un film humoristique mais qui évoque des aspects sombres de la nature humaine ; mais avec légèreté, sans s’appesantir et sans se départir d’une forme d’insouciance et d’une philosophie de vie qui prône la simplicité et invite à « cueillir le jour présent sans se soucier du lendemain ».