UN JOUR UN CHAT
Robert, instituteur d’un petit village, apprend à ses élèves à respecter la nature et à résister au conformisme ambiant. Un magicien et sa troupe débarquent un jour avec la belle Diana et un chat pourvu de lunettes qui a un étrange pouvoir révélateur sur les vertus et les vices des humains. Certains habitants du village ne le supportent pas, et le font savoir…. Mais cela provoque à son tour d’étranges phénomènes, comme la disparition des enfants du village… Robert mène l’enquête, tout en tombant amoureux de Diana…
Critique du film
Robert, un instituteur simple, rêveur et bienveillant, qu’on trouve tout de suite sympathique, voit arriver dans son village une troupe de forains avec un chat à lunettes qui a le pouvoir de révéler vices et vertus des humains en leur attribuant une couleur selon leur véritable personnalité : les hypocrites deviennent violets, les amoureux rouges et les infidèles jaunes, par exemple… Ces révélations dans ce petit bourg ne manquent de semer une certaine zizanie, les gens étant parfois plus attachés à des mensonges rassurants qu’à la vérité nue.
Réalisé en 1963 par Vojtech Jasny, Un Jour un chat distille un cocktail de folie douce, de délire visuel, d’impertinence et d’originalité. Le metteur-en-scène, ancien élève de la FAMU, grande école praguoise de cinéma, s’était entouré pour ce film de collaborateurs aussi talentueux que Jiri Brdecka, auteur et dessinateur, mais aussi réalisateur de films d’animation, de Jan Werich pour les dialogues et d’acteurs réputés. L’idée de départ était venue au réalisateur quelques années auparavant, en 1957, alors que pris par une forte fièvre, il avait été envahi par des visions de son enfance et de souvenirs de cirques ambulants.
Vojtech Jasny avait commencé sa carrière de cinéaste en étant assez soumis à l’esprit du régime, réalisant quelques œuvres de propagande, puis s’affranchit de cette influence idéologique, notamment avec ce film de 1963, qu’il réalise sans trop donner d’indices à la production sur l’esprit qu’il souhaite faire vibrer, conscient du risque qu’il prenait à brocarder le régime en place.
Visions d’enfance
Un jour un chat propose bien sûr une véritable allégorie politique, une fable humoristique, subversive et poétique. Le directeur de l’école, particulièrement odieux, représente le pouvoir en place, autoritaire et hypocritement moralisateur. Les forains, avec la belle Diana et le chat aux pouvoirs magiques amènent avec eux un souffle de vérité, de liberté et de joie de vivre salutaire. Tout cela dans un déploiement de jazz, d’humour, de danse et d’effets visuels ces derniers étant l’œuvre de Jaroslav Kucera, mari de Vera Chytilova, réalisatrice du formidable Les Petites marguerites.
Lauréat du Prix du Jury à Cannes en 1963, ex æquo avec Hara-kiri de Masaki Kobayashi, Un Jour un chat constitue un film à part et une des grandes réussites du cinéma tchèque. Visuellement très réussi, mariant fantaisie, surréalisme et satire, il offre également une belle histoire d’amour qui refus le happy end classique sans pour autant tomber dans l’amertume. Bénéficiant d’une très belle restauration, le film est ressorti en salle le 1er décembre, distribué par Malavida.
De retour au cinéma depuis le 1er décembre 2021