UN TRIOMPHE
Un acteur en galère accepte pour boucler ses fins de mois d’animer un atelier théâtre en prison. Surpris par les talents de comédien des détenus, il se met en tête de monter avec eux une pièce sur la scène d’un vrai théâtre. Commence alors une formidable aventure humaine. Inspiré d’une histoire vraie.
Critique du film
À la vision de l’affiche et du synopsis du film, on s’imagine déjà un feel good movie de plus, plein de bons sentiments et cousu de fil blanc. Pourtant, Un triomphe se révèle être une très bonne surprise. Touchant, drôle et généreux, il se démarque de nombreuses comédies françaises par sa construction et son refus des simplifications et de l’angélisme qui plombent certaines productions.
Ici pas de vision manichéenne des personnages, mais de la nuance et de la sensibilité. Le comédien joué par Kad Merad déploie-t-il tous ces efforts pour lui-même ou pour les autres ? Ses rapports avec sa fille laissent penser qu’il a souvent été absent et démissionnaire. Les taulards devenus comédiens amateurs se laissent parfois griser par leur succès. Leur parcours et leur apprentissage ne font jamais l’objet d’une vision stéréotypée ou invraisemblable.
La beauté du défi
Aux qualités d’écriture et de mise en scène vient se greffer une très belle interprétation très homogène. Kad Merad, bien sûr, en comédien frustré par une carrière qu’il aurait rêvée plus prestigieuse, mais aussi Marina Hands, dans un rôle en demi teinte, et Laurent Stocker, campant un personnage qui peut évoquer une certaine catégorie d’artistes se targuant de faire du social, sans pour autant se départir d’une certaine condescendance. Quant aux comédiens qui interprètent les détenus, leur naturel et leur abattage les feraient passer pour des non professionnels venant jouer leurs propres rôles. David Nelo Ayala se montre particulièrement touchant en homme fou amoureux de sa femme et tout de suite réceptif à la notion d’absurde. Ceux qui ont eu la chance de voir cet acteur d’exception au théâtre dans Macbeth The Notes se souviennent forcément de son immense talent. Pierre Lottin, Wabinlé Nabié, comédien et conteur burkinabé, mais aussi Lamine Cissokho, Sofian Khammes, Alexandre Medvedev et Saïd Benchnafa livrent également de très belles compositions.
On souhaite une belle réussite à ce film qui célèbre l’engagement, la beauté du défi relevé collectivement, mais aussi un théâtre ambitieux et fédérateur sans être élitiste. Un film sobre et émouvant et qui tourne le dos aux clichés, notamment dans sa dernière partie particulièrement originale et qu’on n’oubliera pas de sitôt.