UNE SIRÈNE À PARIS
Critique du film
Il y a quelques années, Mathias Malzieu voyait son oeuvre portée à l’écran. Son plus bel album et son plus beau roman, La mécanique du cœur, étaient adaptés en film d’animation avec l’assistance de Stéphane Berla, conservant l’esprit de sa féerie musicale – que n’aurait pas renié Tim Burton. Ses personnages et ses morceaux prenaient vie dans une escapade (des)enchantée plutôt réussie. Six ans après Jack et la mécanique du cœur, l’indomptable trublion de Dionysos remet le couvert, en prises de vue réelle cette fois, avec Une sirène à Paris, transposition cinématographique du livre et du disque.
Pour qui aime la créativité et l’univers de Malzieu, le voir déployer ses talents sur différents canevas induit forcément une certaine source d’attraction. Malheureusement, cette nouvelle excursion sur grand écran, au-delà de la candeur de son fond poétique, manque du panache et de la magie de son prédécesseur. Dans un Paris rétro qui rappelle parfois la filmographie de Caro et Jeunet, l’aventure sentimentale et fantastique de Gaspard pêche souvent par maladresse, ne réussissant pas à atteindre le périlleux équilibre entre fantaisie burlesque et romance mélancolique. Si l’imaginaire fantasque de l’artiste ne manque pas d’atouts à l’écrit ou pour accompagner ses notes de musique, Une sirène à Paris montre les limites de cette déclinaison qui ne produit pas l’effet escompté et laisse sur un sentiment mitigé. Reste, comme toujours, la tendresse que suscitent ses protagonistes au cœur fragile.
Bande-annonce
22 juin 2020 (réouverture) – Réalisé par Mathias Malzieu, avec Nicolas Duvauchelle, Marilyn Lima