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VILLE NEUVE

La fiche

Réalisé par Félix Dufour-laperrière – Avec Robert Lalonde, Johanne Marie Tremblay, Théodore Pellerin – Animation, Drame – Canada – 26 juin 2019 – 1h16min

Un été en bord de mer sur les côtes arides de la Gaspésie. Joseph s’installe dans la maison d’un ami. Il convainc Emma, son ex-femme, à venir l’y rejoindre. Tandis que la campagne référendaire de 1995 sur l’indépendance du Québec bat son plein, des maisons brûlent, des discours s’affrontent, un couple se retrouve et s’aime. Se défera-t-il à nouveau ?

La critique du film

Ville Neuve est librement adapté d’une courte nouvelle de l’écrivain américain Raymond Carver, La Maison de Chef. On y décèle les retrouvailles de deux êtres (Joseph et Emma), la maison au bord de mer et les principales forces qui animent les personnages. D’un côté, la fatalité et la colère sourde de Joseph. De l’autre, une lucidité teintée de résistance chez Emma. Félix Dufour-Laperrière y ajoute les espoirs politiques du Québec liant les registres intimes et collectifs.

Usant d’une technique d’encre sur papier avec une approche artisanale marquée, l’œuvre est singulière et se dessine comme un long poème sur l’incertitude dont les strophes se répondent.  Chacune compose un monologue et ceux-ci se conjuguent ou accentuent une solitude latente. L’inexorable distance de deux sensibilités n’est jamais loin alors que s’entremêlent passé, futur, jeunesse fantasmée, espoirs figés et attentes invaincues.

L’audace d’exister

Les questionnements afflux au spectateur. Se noie-t-on au loin dans nos espérances à force de lutter contre la puissance de leur océan ? Nous perdons-nous dans l’opacité de notre dualité ? Nous consumons-nous dans l’éphémérité de nos joies ? Si chacun avait l’audace d’exister, est-ce que le monde brûlerait ?

Finalement, tous s’endormiront dans la peur d’exister, bravant leurs incertitudes. Ils courront vers l’horizon de leurs dualités, vivant pour embrasser leurs troubles, cédant à une veine mélancolie. Et ils attendront que la cloche de leurs succès résonne pour qu’enfin ils assument qu’au fond ils ne comprennent pas le secret de l’existence. Un écho d’Andreï Roublev de Tarkovski bienvenu, signe de renouveau.

Une bien belle entrée dans la compétition Contrechamp du Festival d’Annecy 2019 qui tient en quelques mots : imaginer, rêver, d’une renaissance, d’une Ville Neuve.



La bande-annonce

Festival d’Annecy 2019 // Au cinéma le 26 juin