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VIVEMENT DIMANCHE

Une femme et son amant sont assassinés. Le mari, Julien Vercel, suspect n°1 décide de s’enfuir et de se cacher quelque temps. Sa secrétaire, Barbara Becker, éprise de son patron, mène sa propre enquête.

Critique du film

Tourné en 1983, deux ans après La Femme d’à côté, Vivement dimanche offrait à nouveau un rôle marquant à Fanny Ardant, tout en changeant radicalement de registre. Abandonnant la noirceur, le pessimisme du film précédent, François Truffaut choisissait d’adapter Charles Williams et de faire d’un polar américain de 1962, une comédie policière plus ludique et virevoltante que réellement représentative de la série noire traditionnelle, et d’en faire également une ode à sa compagne, Fanny Ardant. Le rôle qu’il lui confia avec cette histoire constituait aussi un bel hommage à un certain idéal féminin : une femme forte, sensible, avec un caractère combattif et le sens de la justice, mais aussi beaucoup d’humour et un sens de la répartie qui renvoyait à la comédie américaine, celle des grandes heures de Katharine Hepburn tenant tête à Spencer Tracy ou de Rosalind Russell face à Cary Grant.

Beaucoup d’hommages au cinéma affleurent dans Vivement dimanche : on voit des titres de films de Stanley Kubrick ou d’Andrzej Zulawski, de William Friedkin et lorsqu’une caméra s’éloigne lentement en un travelling arrière qui serpente à l’entrée d’une salle de cinéma, on ne peut s’empêcher de penser à Alfred Hitchcock. La lumière et la photographie de ce long-métrage, tourné en noir et blanc, évoquent bien-sûr les grandes heures du film noir américain. Les allusions ou clins d’œil à la filmographie de François Truffaut lui-même abondent : le nombre 813 est cité, comme dans plusieurs autres titres du réalisateur, on est dans un polar en noir et blanc comme Tirez sur le pianiste qui offrait aussi des aspects fantaisistes ou décalés. De même, Thi-Loan Nguyen, maquilleuse ayant souvent travaillée avec le metteur-en-scène apparaît furtivement en tant que figurante dans une scène au commissariat, sans être créditée au générique de fin et son prénom est cité lorsqu’on parle d’un restaurant vietnamien de la région. On sent que Truffaut s’est beaucoup amusé sur ce tournage, et ses interprètes aussi très certainement. D’autres scènes ou bribes de dialogues renvoient à L’Homme qui aimait les femmes et le cinéma d’Hyères filmé en noir et blanc peut faire penser à la scène onirique de La Nuit américaine.

vivement dimanche

L’amour de Truffaut pour Fanny Ardant transparaît à chaque scène. Jean-Louis Trintignant, dans un rôle de personnage en apparence plus effacé, moins flamboyant que sa secrétaire, est dans la droite lignée de certains « héros » truffaldiens. Autour de ces deux personnages qui doivent composer avec leur antagonisme pour mener l’enquête, elle sur le terrain, lui plus en retrait, on trouve d’excellents seconds rôles : Philippe Laudenbach, Jean-Louis Richard, Jean-Pierre Kalfon ou Xavier Saint-Macary. 

L’ambiance du film, avec son décor de petite ville province, son atmosphère nocturne et sa galerie de personnages, tout cela contribue à faire de Vivement dimanche une très belle comédie policière. Ultime réalisation de François Truffaut qui décéda peu de temps après, cette œuvre dégage encore un charme fou, beaucoup de jeunesse et d’insouciance. 


 


Restauré en 4K/HDR en 2023 par MK2 Films avec le soutien du CNC, distribué par Carlotta Films, le film est de retour en salle le 7 août dans le cadre d’une rétrospective intitulée 5 héroïnes de François Truffaut.