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WHEN THE LIGHT BREAKS

Le jour se lève sur une longue journée d’été en Islande. D’un coucher de soleil à l’autre, Una, une jeune étudiante en art, rencontre l’amour, l’amitié, le chagrin et la beauté.

Critique du film

Né à Reykjavik, De Rúnar Rúnarsson a vécu au Danemark pendant 7 ans où il a suivi une formation à l’école de cinéma danoise dont il est ressorti diplômé en 2009. De retour dans son pays natal, l’Islandais signe d’abord Volcano, son premier long métrage présenté à Cannes, après avoir mis en scène plusieurs courts métrages récompensés à travers le monde. Après Sparrows et Echo, il effectue son grand retour sur la Croisette en ouverture de la sélection Un Certain Regard avec When the light breaks, un petit bijou de poésie et de sensibilité.

Una et Diddi, deux jeunes amants partagent un moment de tendresse et de complicité face à un superbe coucher de soleil. On le comprend assez vite, leur relation est toujours secrète, tant que le jeune homme n’a pas quitté sa petite-copine Klara avec qui il entretenait une relation à distance, ce qu’il s’engage sincèrement à faire rapidement. Les deux amoureux commencent à se projeter ensemble, évoquant de futurs voyages pour découvrir le monde côte à côte alors qu’ils s’endorment enlacés tendrement. Au réveil, le petit d’ami n’est plus là, résolu à aller rompre avec Klara, mais, alors qu’Una se prépare à quitter son appartement pour aller en cours, la tragédie survient sans qu’elle le sache. Un tunnel, un accident de la route, une puissante explosion. Les probabilités que Diddi fasse partie des victimes augmentent à mesure que les secours réunissent des indices quant à la présence de son véhicule sur les lieux du drame.

When the light breaks

L’insoutenable attente, qui contraint Una à contenir son angoisse, ne pouvant révéler leur relation intime, laisse place à la terrible nouvelle. Diddi n’a pas survécu. Comment faire face à une disparition aussi brutale et trouver du réconfort auprès de ses amis lorsque la majorité ignore qu’elle était en couple avec leur ami d’enfance ? Elle est l’amante éplorée, celle qui doit taire l’ampleur de sa douleur et ne peut revendiquer sa véritable place alors que Klara, la petite-amie officielle qui ignorait les intentions de son compagnon, revient pour les funérailles et trouve la compassion qui s’impose auprès de ses proches.

Avec When the light breaks, Rúnar Rúnarsson souhaitait faire face aux émotions ressenties lorsqu’il a perdu un ami dans sa jeunesse et, suite à un deuil plus récent, il a désiré en tirer un récit universel englobant les sentiments complexes éprouvés lors de la perte brutale d’un être cher. En un instant, la réalité de chacun est changée à jamais et l’avenir altéré de façon irréversible. Au plus près de sa touchante comédienne, Elín Hall, de toutes les scènes, le film explore comment la jeune femme traverse cette épreuve dans une posture inconfortable, presque réduite au silence et à la clandestinité.

When the lights breaks

L’une des qualités majeures de ce très beau film, qui n’en manque résolument pas, se trouve dans sa faculté à faire coexister la beauté et le chagrin, la douleur et la poésie. D’une grande tendresse, When the light breaks bouleverse par ce qu’il parvient à raconter en s’affranchissant de dialogues superflus et de confrontations explicites. Il faut voir comment une simple scène de danse, comme un exutoire pour la bande d’amis endeuillés, devient bouleversante lorsqu’Una laisse enfin échapper l’intensité de sa souffrance après être restée digne et pudique aussi longtemps.

Touchant la grâce à plusieurs reprises, When the light breaks illustre si joliment les vertus du pardon et de l’indulgence qui nourrissent le coeur vibrant du film, faisant de la bienveillance et de l’empathie ses plus beaux atouts. De son superbe prologue conduisant au carton-titre à son épilogue d’une beauté plastique et symbolique prodigieuse, le film d’ouverture d’Un Certain Regard bouleverse dans son dernier segment alors qu’Una et Klara commencent à passer plus de temps ensemble et découvrent ce lien improbable qui les unit dans ce qu’elles traversent. L’une dans l’autre, elles trouvent de quoi s’accrocher dans la brume en cet instant éprouvant. L’espace de quelques scènes, dans une prodigieuse économie de dialogues, le drame nous emporte définitivement tandis que la partition musicale du regretté Jóhann Jóhannsson finit de nous remplir le coeur, nos yeux embués contemplant l’horizon de ces lendemains incertains.


18 décembre 2024 – De Rúnar Rúnarsson, avec Elín HallKatla NjálsdóttirÁgúst Örn B. Wigum


Cannes 2024 – Un Certain Regard




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