WONDER
“Auggie” est né avec une malformation du visage. Face aux regards des autres, et notamment des autres enfants, sa rentrée en CM2 est aussi sa première rentrée scolaire.
Visage, Greenwich Village.
Dans un film à belle histoire, il y a une belle histoire. Celle adaptée du roman éponyme de R. J. Palacio se veut belle au-delà des apparences. Comme son personnage principal, August Pullman, un petit bout souffrant d’une malformation du visage et qui n’a jamais connu une maîtresse autre que sa mère. Un petit Elephant-Man qui vit caché derrière son casque d’astronaute, de peur du regard des autres enfants, bien moins prompts à baisser le yeux et regarder ailleurs, selon les injonctions sociales du monde des adultes. Son entrée en CM2 est évidemment un calvaire : il faudra toute la force de caractère et quelques amitiés forgées en chemin pour surpasser les préjugés. Pour faire chair à Wonder, Jacob Tremblay (Room) n’a pas à forcer son talent pour faire ce qu’on lui demande de faire, et se tire plus qu’admirablement de son lourd make-up. Puisque les antagonistes prennent écho dans les rires des moqueurs des enfants, les parents font office de bouclier. Owen Wilson campe le papa rigolo, Julia Roberts la maman anxieuse, Via (Izabela Vidovic) la sœur studieuse et romantique. Le tout dans le confort des quartier huppés de New York. Du jamais vu.
Dans un film à belle histoire, il y a un film. Qu’on doit juger comme tel. Autant l’histoire d’August est unique, autant sa transposition au cinéma est terriblement datée. Les tons pastels se succèdent au rythme attendu des accords pop. Il pleut quand tout le monde est triste. Il fait soleil quand tout le monde est heureux. L’inventivité est laissée au placard. Wonder ne va tristement jamais plus loin qu’une morale binaire – “il faut” contre “il ne faut pas”. Même les respirations narratives, partant du bon sentiment que les conséquences d’une telle situation ne tournent pas toutes autour de “Auggie”, tombent à l’eau. Le tout contribuant à une portée sociale digne d’un téléfilm de Noël M6 – c’est la saison, la comparaison peut se vérifier un honteux jeudi après-midi de grog et de plaid. À la décharge de Stephen Chobsky (Le monde de Charlie) et de ses scénaristes, c’est peut être tout ce que cette belle histoire avait à offrir. Là est la fade fable de Wonder : ses bons sentiments sont aussi évidents que les préjugés qu’il égratigne mollement.
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