DEUX JOURS, UNE NUIT
Sandra, aidée par son mari, n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail.
Seule contre tous… ou presque.
C’est (déjà) auréolés de deux Palmes d’Or que les frères Dardenne présentent leur nouveau film à Cannes, Deux jours, une nuit. Après Cécile de France, c’est une comédienne encore plus internationale qui tient l’affiche de ce drame social dans la lignée de la filmographie des cinéastes belges : Marion Cotillard.
Celle qui nous avait bouleversé dans De rouille et d’os chez Jacques Audiard revient sur la Croisette avec un nouveau film francophone qui lui a attiré de belles éloges lors des premiers retours festivaliers. Celles-ci, sur le long-métrage comme sur sa prestation, sont-elles méritées ?
Pas particulièrement. En effet, les frères Dardenne, pourtant très aguerris au cinéma social qui raconte et dénonce, propose un door-to-door movie un peu trop répétitif qui finit par lasser au lieu de prendre aux tripes. Le spectateur s’ennuie devant son schéma systématique : faire le chemin, expliquer le nouveau vote, solliciter le sacrifice et implorer, essuyer un refus et vouloir tout abandonner jusqu’au prochain soutien qui permettra de remettre le pied à l’étrier. L’intention est claire (et compréhensible) mais cela ne fonctionne pas. On n’entrera jamais véritablement en empathie avec Sandra.
Si les thématiques abordées ne laissent forcément pas insensible, cette quête de l’impossible apparait comme une question de survie pour cette jeune femme à peine sortie de la dépression. Le personnage de Marion Cotillard, qui livre une prestation plutôt satisfaisante, n’est pas particulièrement attachant. Elle se révèle parfois touchante – surtout lors de scènes non-verbales où la comédienne est tout à son aise pour émouvoir – mais il est trop souvent difficile de croire en certaines réactions des protagonistes qu’elles rencontrent : affublés de dialogues d’une pauvreté totale, les seconds rôles sont franchement à la peine (la Palme revenant au petit jeune bien nerveux). À trop vouloir jouer la carte du « vrai » cinéma, les Dardenne en oublient de faire du « bon » cinéma et entraînent le spectateur dans un périple passablement barbant jusqu’à un épilogue auquel on aura bien peine à croire – la faute à un chemin de croix anti-climatique et à un manque d’empathie bien pénalisant. Cet échec semble donc partagé entre les auteurs et leurs interprètes qui n’auront su donner l’ampleur nécessaire à ce périple que certaines plumes auront eu le cran de qualifier de « survival ».
À l’image d’un autre porte-voix de la lutte des classes peinant dernièrement à retrouver sa splendeur d’antan (Ken Loach), les frères Dardenne livrent un nouveau long-métrage mollasson. Si certains cannois lui prédisent un sacre imminent, nous voyons ici le premier vrai faux-pas de deux cinéastes que l’on a connu plus inspirés et surtout plus poignants.
La ficheDEUX JOURS, UNE NUIT
Réalisé par Jean-Pierre et Luc Dardenne
Avec Marion Cotillard, Fabrizio Rongione
Belgique, France – Drame
21 mai 2014
Durée : 95 min
Ce n’est pas le plus dynamique des Dardenne, ce n’est pas le style non plus. Mais le film ne joue que sur 2-3 variantes et quelques nuances sur un thème qui se répète souvent avec les mêmes mots. Quand à la prestation médiatisée de celle qui tient le cadre (d’autres tiennent aussi le film) elle n’est que très normal, voire banale. Sans grande envolé, comme la réalisation. Dommage sur un sujet aussi sensible.
Bonjour тном ряи. je suis assez d’accord avec ton billet. Les Dardenne ont fait mieux. Normal qu’ils n’aient rien eu à Cannes. Ils ne sont pas les seuls. Bonne après-midi.
Je n’ai vraiment accroché à ce dernier Dardenne. J’ai bien aimé Cotillard (pourtant pas fan d’elle), mais c’est vrai que c’est ultra-répétitif. Et puis Sandra pleure trop, t’as envie de la gifler au bout d’un moment.
Au fond c’est toujours comme ca avec les films des freres Dardenne : gros buzz, excellentes critiques, pour des films au final assez moyens voire parfois vraiment ennuyeux.
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