DOMINO | Le grand retour de De Palma passera par la case VOD
Qui ?
Le réalisateur américain Brian De Palma revient en 2018 avec Domino, six ans après Passion.
Formaliste de talent, De Palma est une figure importante du Nouvel Hollywood, mêlant habilement le maniérisme de sa mise en scène à son goût pour le cinéma classique américain. De fait, celui que l’on surnomme le « maître du Thriller » a toujours assumé sa filiation avec le « maître du suspense » Alfred Hitchcock, lui rendant régulièrement hommage dans des films comme Soeurs de Sang (1973), Obsession (1976), Pulsions (1980), ou bien encore Body Double (1984). Le style du cinéaste doit donc énormément à ses pairs (Hitchcock, Orson Welles avec l’usage du double-objectif, …), mais n’en reste pas moins profondément singulier, étudié dans les universités, et hantant les esprits de jeunes cinéastes en herbe.
Cinéphile, De Palma est également un cinéaste « réflexif », au sens où ses films, à des degrés divers, interrogent la puissance du medium écranique qu’est le cinéma. De fait, un film comme Snake Eyes (1998), sous-couvert d’une simple histoire de meurtre, propose en fait une vaste reflexion sur la puissance du regard et du point de vue. Ce fantasme d’un Œil tout-puissant, capable de tout voir, est ce qui a sans doute conduit De Palma à expérimenter à de maintes reprises le procédé du « Split-Screen » ou bien encore celui du plan séquence, alternant entre la multiplication et l’unification sans montage du point de vue. Réalisateur de grands succès du cinéma américain, comme Scarface (1983), Les Incorruptibles (1987), L’Impasse (1993) ou bien encore Mission impossible (1996), De Palma a néanmoins connu plusieurs échecs publics et critiques depuis le début des années 2000, le dernier en date étant Passion (2012).
Tout comme Passion, Domino est une coproduction européenne tournée en anglais. Le casting est à l’image de la production, comptant l’acteur danois Nikolaj Coster-Waldau (Jaime Lannister dans Game of Thrones), l’actrice hollandaise Carice van Houten (Black Book, Walkyrie, Repo Men, Game of Thrones), l’australien Guy Pearce (L.A. Confidential, Memento, The Rover, Brimstone), ou bien encore le français Eriq Ebouaney, qui retrouve Brian De Palma seize ans après Femme Fatale.
Quoi ?
Christian (Nikolaj Coster-Waldau), policier à Copenhague, apprend que son coéquipier a été tué par un homme mystérieux nommé Imran. Décidé à venger son collègue, il décide donc de partir à la recherche du meurtrier, avec l’aide de la maîtresse du défunt. Leur enquête les mène de la Scandinavie à l’Espagne, au cœur d’une Europe menacée par le terrorisme.
Quand ?
Domino était pressenti pour apparaître dans l’une des sélections du Festival de Cannes 2018, mais son nom n’est finalement sorti dans aucune sélection. Les nombreux échos parlant d’une production chaotique et d’un tournage « horrible » ne rassuraient pas…
Le réalisateur confiait : « Ça a été une expérience horrible. Le film était sous-financé, il a pris beaucoup de retard, le producteur n’a pas arrêté de nous mentir et n’a pas payé certains de mes collaborateurs. Je ne sais pas du tout si ce long-métrage va sortir. »
D’après SLASH FILM, le film sortira finalement le 31 mai 2019 aux Etats-Unis, au cinéma et en VOD. Quid de la France ?
Pourquoi ?
Le dernier long-métrage du réalisateur en avait déconcerté plus d’un, notamment dans son rapport ambigu à la série B, frôlant parfois l’ironie. Domino, au travers de son synopsis, semble également proche de cet univers. Cela n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour les déçus de Passion et néanmoins adeptes du cinéaste, ce dernier s’étant essayé au genre du thriller dès son premier long-métrage, Meurtre à la mode (1968). En outre, l’Europe semble faire du bien aux cinéastes hollywoodiens en exil (forcé), comme on a pu le voir avec Elle (2016) de Paul Verhoeven, coproduction européenne acclamée par la critique et le public. Le retour à des productions aux budgets plus modestes a souvent été le moteur de multiples « renaissances » de cinéastes (Verhoeven en Europe, mais également Shyamalan aux Etats-Unis). Une sélection au Festival de Cannes serait le signe d’un regain d’intérêt de la profession pour celui qui reste considéré comme l’un des plus grands cinéastes contemporains.