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EL CLUB

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Crise de foi

Dans une ville côtière du Chili, des prêtres marginalisés par l’Eglise vivent ensemble dans une maison. L’arrivée d’un nouveau pensionnaire va perturber le semblant d’équilibre qui y règne.

Malvenu au club.

Pablo Larrain a tourné El Club dans la plus grande confidentialité. Les acteurs eux-mêmes ont découvert le scénario par petits bouts au cours du tournage expédié en à peine trois semaines. Une manière de contenir l’odeur de soufre émanant de ce projet grattant la face sombre de l’Eglise.

Un culte du secret qui est aussi celui des protagonistes du film, des prêtres et une religieuse, reclus dans un coin perdu du Chili, balayé par les vents. Repliés sur eux-mêmes, évitant tout contact avec les villageois, ils vivent retranchent dans une maison aux murs pâles. « Un lieu entre compassion et culpabilité », résumait Larrain lors d’une avant-première parisienne, où chacun est sommé de se faire oublier. L’arrivée d’un nouveau pensionnaire fait vaciller l’équilibre précaire de la micro-communauté et la façade de la paisible retraite se fissure. Mensonges, dénis, fautes tues et péchés inavoués vicient l’atmosphère. Les spectres de la pédophilie (que le scénario semble maladroitement amalgamer à l’homosexualité), mais aussi de la dictature de Pinochet – à laquelle Larrain a consacré une trilogie dont No, le troisième volet, est le plus grand public – planent dans cette « maison de merde, qui sent la merde » , dixit l’un de ses habitants

Auréolé de l’Ours d’argent à la dernière Berlinale, El Club n’est pas foncièrement aimable. « J’aime le Christ, pas les chrétiens », a fait savoir Larrain. Son film le démontre : la spiritualité s’enraye dans une spirale de violence, confinant à la folie. Certaines scènes convoquent des motifs bibliques (le calvaire, le lavement des pieds…) en les réinventant à l’aune du fait divers et la parabole n’est guère reluisante pour les religieux. Le « village ringard », tel que le qualifie un jeune surfeur croisé par un prêtre sur la plage, est en réalité un purgatoire.

El Club s’ouvre par un extrait du Livre de la Génèse : « Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres. » Un carton prophétisant la mise en scène de Larrain s’appuyant sur une lumière crue, presque agressive, et qui isole davantage les protagonistes qu’elle ne les caresse. Le film entier baigne dans une ambiance crépusculaire et trouble. Chaque plan semble voilé, perturbant le regard comme une cataracte. Un parti pris esthétique qui rejoint le sujet d’El Club : l’aveuglement.

La fiche

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EL CLUB
Réalisé par Pablo Larrain
Avec Alfredo Castro, Roberto Farias, Antonia Zegas…
Chili – Drame
Sortie en salle : 18 novembre 2015
Durée : 97 min

 




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