Kaya Scodelario | Entretien
À l’occasion du Champs-Elysées Film Festival, nous avons rencontré la comédienne Kaya Scodelario, venue présenter le long-métrage La vérité sur Emanuel, projeté en avant-première. L’occasion pour nous d’évoquer ses débuts, son expérience du tournage, ses projets futurs et de parler ballon rond…
Quelle évolution depuis vos premiers pas dans le rôle d’Effy Stonem dans Skins… Est-ce vraiment différent de tourner dans un film que dans une série ?
Lorsque j’ai commencé Skins, j’étais très jeune. 14, 15 ans… Lorsque vous êtes adolescente, vous vivez énormément de changements, d’autant plus lorsqu’on est une jeune femme… j’étais donc préparée à devoir évoluer et m’adapter aux situations. Concernant mon travail, je me suis toujours dit que l’investissement devait être le même, peu importe les collaborateurs ni même s’il s’agit d’une production à grand budget, d’un film pour la télévision ou une série TV. J’essaie de garder cette même barre d’exigence, quoique je fasse.
Est-ce plus frustrant de ne camper un personnage que pendant les quelques semaines que dure le tournage (d’un film) ou bien est-ce au contraire plus libérateur ?
Effectivement, avec la télévision vous avez beaucoup plus de temps pour vous approprier le personnage. Mais pour le cinéma, parce que c’est toujours plus concentré, l’histoire du personnage est généralement plus intense – vous devez être à fond dès le départ car chaque jour vous tournerez quelque chose d’important pour votre personnage, chaque scène est importante. C’est quelque chose de très stimulant de devoir maintenir la barre haute continuellement en donnant le meilleur de moi-même.
Certains réalisateurs ont parfois tendance à apprécier leur position de pouvoir, tandis que les réalisatrices avec lesquelles j’ai travaillé restent plus neutres et se focalisent vraiment sur le projet plutôt que sur leur égo…
Vous avez tourné pour Andrea Arnold dans l’éblouissant Les hauts de hurvelent, maintenant avec Francesca (Gregorini), est-ce plus confortable pour une comédienne d’être dirigée par une autre femme ?
Un bon metteur en scène est un bon metteur en scène. Mais il y a un vrai sentiment de confiance qui se construit et qui parait plus rassurant pour exploiter la dimension émotionnelle. La relation personnelle que l’on établit avec la cinéaste devient plus personnelle, plus intense je trouve. Certains réalisateurs ont parfois tendance à apprécier leur position de pouvoir, tandis que les réalisatrices avec lesquelles j’ai travaillé restent plus neutres et se focalisent vraiment sur le projet plutôt que sur leur égo…
Quelle a été l’attitude de Francesca lors du tournage ?
Francesca a été d’une vraie gentillesse avec moi. Elle était vraiment derrière moi et je me sentais protégée. Avec les scènes, parfois très émotionnelles, que nous avions à tourner, c’était un réconfort et un soutien importants.
Quelle a été votre première réaction à la lecture du scénario ?
J’ai aimé le scénario dès la première seconde. Je ne savais pas qui était le réalisateur ni quels seraient les autres acteurs du film, mais j’ai eu un coup de coeur pour cette histoire écrite avec tellement d’intelligence. C’est le genre de projet dont on a envie de faire partie. Notre génération est habituée au fait de suivre des histoires basiques aux enjeux très simples qui permettent de se changer les idées facilement – ce qui n’est pas désagréable de temps en temps – avec les scènes d’explosion et de course-poursuite… Mais c’est aussi agréable de devoir s’impliquer personnellement dans le fil d’une histoire. C’est pour moi l’intérêt du cinéma, pousser le spectateur à réfléchir, à se forger une opinion – qu’il approuve ou non ce qu’il voit – et c’est l’impression que m’a donné le scénario de Francesca et ce qui m’a donné envie de faire partie de l’aventure.
Ma scène préférée de tous les temps est celle qu’Alfred Molina a dans Boogie Nights dans laquelle il est fantastique. Avoir un tel acteur face à soi, qui s’avère être un homme d’une gentillesse absolue et d’une humilité authentique, a été une expérience fabuleuse pour moi.
D’ailleurs, nous vous verrons très bientôt à l’affiche de The Maze Runner (Le labyrinthe)…
Oui, ça c’est un gros film en effet ! C’est moins intime mais c’était très divertissant de le tourner et j’espère que le public l’appréciera.
Quels souvenirs gardez-vous du tournage de La vérité sur Emanuel en compagnie de Jessica Biel et Alfred Molina ?
(Elle interrompt, avec enthousiasme). Alfred Molina a toujours été une source d’inspiration pour moi. Ma scène préférée de tous les temps est celle qu’il a dans Boogie Nights dans laquelle il est « Aaaaaa-maaa-zing ». Avoir un tel acteur face à soi, qui s’avère être un homme d’une gentillesse absolue et d’une humilité authentique, a été une expérience fabuleuse pour moi. C’est un homme et un acteur très généreux. À la fin du tournage, j’avais presque l’impression qu’il était devenu mon vrai père tellement il prenait soin de moi. Je me sentais à l’aise avec lui, en sécurité. C’est une qualité énorme qu’il faut lui attribuer tant en tant comme acteur que comme individu…
Et Jessica ?
Jessica a été très chaleureuse et attentionnée avec moi. C’était la première fois que je séjournais à Los Angeles où je me retrouvais seule. Elle vraiment pris soin de moi, me donnant même quelques bonnes adresses de restaurant… Plein de petites choses en apparence mais qui m’ont rassurée dans cette ville immense et inconnue. Elle a été un peu comme un guide (touristique) et une grande soeur pour moi.
Rooney Mara – qui devait initialement jouer le rôle d’Emanuel – est restée productrice du film. Venait-elle sur le tournage ?
Oui, elle est venue à quelques reprises et m’a beaucoup aidé pour les scènes aquatiques qui n’était pas évidente à tourner. Elle a été un vrai soutien au film et ce n’était pas négligeable d’avoir une telle personne (et une si bonne actrice) sur place pour nous apporter son support. Elle y est pour beaucoup dans la concrétisation du film.
J’aime tourner avec des réalisateurs débutants, j’aime l’énergie qu’ils ont, cet enthousiasme des débuts avant que cela ne devienne qu’une question d’argent et de succès.
Pouvez-vous nous parler de ces scènes aquatiques ?
C’était incroyable ! J’avais une énorme bouteille d’oxygène à proximité, j’étais dans un immense bassin de neuf mètres de profondeur. Je suis restée dans l’eau assez longtemps, je devais essayer de tenir le plus possible sous l’eau et dans ce décor reconstitué. C’était assez éprouvant car cette séquence a pris environ douze heures à tourner. Je me suis retrouvée avec une infection de l’oreille les jours suivants.
Les aléas du métier…
Oui, exactement. En plus, c’était le jour de mon anniversaire ce jour-là. J’ai passé ma journée d’anniversaire sous l’eau. Quel cadeau formidable ! (En riant)
Vous avez eu la chance de tourner avec Alfred Molina, que vous admirez beaucoup. Il y a-t-il des réalisateurs ou comédiens avec qui vous aimeriez un jour tourner ?
Pas spécialement en fait. Une grande partie des personnes que j’admire est peu connue pour l’instant. J’aime tourner avec des réalisateurs débutants, j’aime l’énergie qu’ils ont, cet enthousiasme des débuts avant que cela ne devienne qu’une question d’argent et de succès. Je préfère travailler avec des gens qui n’ont pas encore été broyés par l’industrie cinématographique. C’est plus libre, plus intéressant et plus créatif artistiquement.
Quels sont vos projets futurs ?
Il y a bien sûr The Maze Runner dont nous avons parlé… Je rentre d’un tournage de deux mois en Australie où j’ai tourné un film qui s’appelle The Moon and the Sun. Nous avons également tourné ici pendant deux semaines, à Versailles. C’était fantastique de tourner dans le palais, ça a été une expérience incroyable au milieu de ce cadre avec tous ces miroirs et ces décors uniques… J’interprète la fille de Louis XIV qui vient le voir à la cour. Je viens défendre mon amie qui est une sirène…
… Une sirène ?
Oui, c’est un conte de fées pour adultes. Mon personnage se lie d’amitié avec une sirène qu’elle va essayer de sauver.
Je suis vraiment derrière le Brésil, je pense que c’est la bonne année. J’espère qu’ils seront sacrés, il y a beaucoup de passion pour le football et d’amour pour le jeu là-bas.
Une question de vos fans français, via le site JustKaya.net : vous avez été révélée au grand public très jeune, comment gère-t-on la célébrité quand on a seulement 22 ans ?
Je ne me sens pas comme une célébrité, ce n’est pas quelque chose que je recherche. C’est fantastique de rencontrer les fans qui sont toujours adorables avec moi. Mais j’aime que ma vie reste la plus normale possible et ne m’empêche pas de faire tout ce que j’ai toujours fait. J’ai besoin de voir mes amis, qu’on passe de bons moments ensemble. Je ne suis jamais plus heureuse que dans ces moments-là ou lorsque je suis seule chez moi, avec mon chien et ma petite routine.
Une dernière question… d’actualité cette fois. J’ai lu sur Twitter que vous regrettiez de ne pouvoir vous rendre au Brésil pour la Coupe du Monde… Pensez-vous que l’Angleterre a ses chances ?
Non. L’équipe est trop jeune. Pour moi, nous sommes trop indulgents avec eux. Ces joueurs qui ne font aucun effort, qui ne s’investissent pas comme ils le devraient, qui sortent faire la fêter au lieu de se préparer sérieusement… nous leur pardonnons trop facilement cette attitude. Tandis qu’au Brésil, l’exigence du peuple brésilien est plus élevée. Il y a autant de passion mais aussi une réelle attente qui oblige les joueurs à s’investir complètement. Je suis vraiment derrière eux (Kaya est d’origine brésilienne), je pense que c’est la bonne année. J’espère qu’ils seront sacrés, il y a beaucoup de passion pour le football et d’amour pour le jeu là-bas. Même si j’aime beaucoup l’Angleterre, cette fois je suis vraiment derrière le Brésil…
Sur la terrasse du Publicis – Champs Élysées avec @kScodders pour #TheTruthAboutEmanuel #KayaScodelario #Interview pic.twitter.com/vFrOBvtJv1
— Le Bleu du Miroir (@LeBleuduMiroir) 14 Juin 2014
La vérité sur Emanuel
Réalisé par Francesca Gregorini
Avec Kaya Scodelario, Jessica Biel, Alfred Molina…
Etats-Unis – Drame, Thriller
Sortie en salles : indéterminée
Durée : 95 min.
Merci à Charles de Luminor et à Claire du CEFF.
Très très bonne interview, des questions pertinentes et intéressantes à la fois !
Ayant eu la chance de la voir , ca a l’air d’être une personne en or , de plus, le film est vraiment bien réalisé, une vraie découverte !
[…] trop tard en jeu pour sauver la manche, déjà perdue. Espérons tout de même que la comédienne (que nous avons rencontré au début de l’été) verra son importance s’accroitre dans les prochains volets […]