GOOD KILL
Le Commandant Tommy Egan, pilote de chasse reconverti en pilote de drone, combat douze heures par jour les Talibans derrière sa télécommande, depuis sa base, à Las Vegas. De retour chez lui, il passe l’autre moitié de la journée à se quereller avec sa femme, Molly et ses enfants. Tommy remet cependant sa mission en question. Ne serait-il pas en train de générer davantage de terroristes qu’il n’en extermine ? L’histoire d’un soldat, une épopée lourde de conséquences.
Bombes et barbecue.
Avec Lord of War, Andrew Niccol s’était intéressé au trafic d’armes, égratignant au passage quelques grands états dont les Etats-Unis. Good kill est un second pavé dans la mare, moins frontal mais plutôt pertinent. Son sixième film s’intéresse à la question de la guerre à distance menée par l’Oncle Sam via l’usage de ces drones réputés pour leur précision chirurgicale.
Chirurgical, le film l’est, grâce à la mise en scène presque perfectionniste d’Andrew Niccol. Sorte de démystification de Top Gun, Good Kill raconte l’histoire du commandant Tommy Egan, pilote d’élite reconverti en « chauffeur » de drone, relégué dans une cabine de pilotage informatisé, implantée dans le Nevada, tout près de Las Vegas.
Cette nouvelle méthode militaire, perçue par une partie de l’opinion américaine comme un moyen de réduire les coûts (humains mais aussi économiques) de l’engagement US dans la lutte contre le terrorisme, se retrouve dans le viseur du cinéaste neo-zélandais. Il soulève assez subtilement quelques problématiques liées à ces attaques à distance et met en lumière les déviances que ce nouveau mode de guerre peut entraîner (frappes préventives assimilables à des crimes de guerre légitimées par la CIA).
Sur ce versant, Good Kill est indéniablement intéressant, et nécessaire. Niccol précisera d’ailleurs, lors de sa masterclass parisienne, que les bombardements effectués sont des faits avérés. Forcément éloquent. C’est lorsqu’il s’attaque à la partie « domestique », plus fictive, que le réalisateur paraît moins inspiré. Le couple incarné par Ethan Hawke et January Jones peine à convaincre, l’alchimie entre eux n’opérant jamais véritablement. L’émotion ne pointe jamais, laissant l’acteur principal en roue libre malgré une bonne volonté évidente.
Réalisé avec le soin et la rigueur maniaque que l’on connaît à Andrew Niccol, Good Kill s’appréciera donc bien davantage pour son propos politique – pertinent et nécessaire – que pour sa dimension dramaturgique.
La fiche
GOOD KILL
Réalisé par Andrew Niccol
Avec Ethan Hawke, January Jones, Zoe Kravitz…
Etats-Unis – Drame
Sortie en salle : 22 Avril 2015
Durée : 102 min
Y compris politiquement, je ne suis pas sûre que le film d’Andrew Niccol soit si pertinent: http://marlasmovies.blogspot.fr/2015/04/good-kill-game-of-drones.html
J’ai hâte de voir ça car le problème soulevé est en effet intéressant. La guerre par les drones me paraît encore plus absurde que la guerre « tradi » !!!
Moins d’ambitions niveau spectacle et scénario pour le dernier A. Niccol. Pourtant ce pourrait-être son meilleur film. Le plus virulent contre une société en dérive. Passant en revue les implications que porte son sujet, les drones comme outils de guerre économique en homme et en $. Moins de body bag à la tv, mais autant de traumatismes dans les esprits. Aiguisé par de brillants dialogues (incluant d’autres maladies de la globalisation toutes aussi violentes), avec les pour et les contre d’une politique sécuritaire et préventive, le film fait mal à une Amérique loin de ses idéaux de liberté et d’égalité mis en étendard. Ce film en colère, dans ces convictions, apporte un constat douloureux, presque viscéral, au fil de séquences et comptes à rebours répétitifs (cela peut gêner si l’on y trouve pas la clef)) où la malheureuse banalité de tuer à distance rend blême dans son fauteuil. Le grand film de l’après 11/9 et de ses folies.