HARRY POTTER | Quel est le meilleur film de la saga ?
« Adapter, c’est trahir. Trahir avec nécessité ». Cette citation nous vient de la réalisatrice et scénariste française Katell Quillévéré. Et elle s’applique inévitablement à l’une des sagas littéraires les plus populaires de tous les temps, ayant vu ses sept livres portés à l’écran : Harry Potter. Si les aventures cinématographiques du sorcier à lunettes ont su maintenir un niveau de qualité régulier, certains épisodes ont davantage marqué les esprits ou frustré les puristes. Ainsi, à quelques jours de la sortie du spin-off Les animaux fantastiques, la rédaction s’est écartelée autour de questions vitales : quelle est la meilleure Maison à Poudlard ? Qui de Michael Gambon et de Richard Harris incarnait le mieux l’emblématique Professeur Dumbledore ? Quel rituel de torture aimerions-nous infliger à Dolores Ombrage ? Fallait-il raconter l’histoire des Maraudeurs dans le 3e épisode ? L’histoire familiale de Voldemort a-t-elle été trop simplifiée à l’écran ? Ces enjeux-là ont semé la zizanie, incontestablement.
Mais que dire du débat sans fin qui a failli causé une guerre civile interne : quel est le meilleur film de la saga cinématographique ? Plusieurs rédacteurs campent sur leur position. C’est pourquoi il était nécessaire de demander ton aide – oui, toi, cher lecteur – pour que la vox populi donne raison à l’un d’entre nous. Voici les plaidoiries de chaque rédacteur. Les sorciers sont prêts au duel, à vous d’attribuer les points !
Expecto patronum !
Le choix(peau) de Robin : Harry Potter 3
Alfonso Cuaron, glorifié pour le grand public une décennie plus tard avec Gravity, a la tâche avec Azkaban de succéder au ton familial et bon enfant des deux premières installations de Chris Columbus. Pari gagné. Harry, Hermione et Ron sortent enfin de l’enfance et entrent tranquillement dans l’adolescence. La transition s’effectue en douceur, en parallèle de la menace Sirius Black et du placardage en règle de son portrait animé de fou-furieux. Dehors, la menace rôde. Elle est insidieuse, transforme la pluie en glace. Elle préfère dialoguer des spectres de la peur et non de l’extrémisme simpliste de la mort, fait des détraqueurs de véritables créatures d’horreur aux fondements psychologiques (en l’occurrence, la dépression) plutôt que de simples VFX d’action tourbillonnants.
Malin, Cuaron opère ses transitions dans un montage patient et de grands mouvements circulaires autour de personnages en pleine évolution de soi. Il remplace la rigidité des uniformes par des tenues quotidiennes ordinaires, qui reflètent les personnalités de chacun. On retrouve dans Azkaban quelques uns des meilleurs éléments de l’univers Harry Potter, du magicobus à la scène de l’armoire et de l’épouvantard, en passant par la gonflante tatie et la magie des Patronus. De quoi laisser rêveur le plus fervent des cyniques. Dire que le tout est en plus saupoudré des interprétations impliquées de Gary Oldman, David Thewlis et Emma Thompson… Le sort en est jeté : Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban est bien le meilleur des Harry Potter.
Sectumsempra !
Le choix(peau) de Squizz : Harry Potter 6
Le sixième volet des aventures d’Harry Potter est très souvent considéré comme l’un des meilleurs romans de la saga littéraire ; pour ce qui est du film, les avis divergent un peu plus. Le reproche le plus souvent évoqué est celui d’un film qui met trop l’accent sur la comédie et la rom-com pour adolescents. Pourtant Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé est une très bonne adaptation du livre, qui lui-même contrebalance énormément la noirceur de l’intrigue par des élans de comédie, comme l’ensemble de la saga littéraire d’ailleurs. Là où les chapitres cinématographiques ont de plus en plus tendance à supprimer les petites histoires annexes des écoliers pour se centrer sur la quête d’Harry, ce sixième opus sait prendre son temps et gambader un peu dans les couloirs de Poudlard, pour retrouver une ambiance de camaraderies teintée d’amours adolescents.
Entre L’Ordre de Phénix, qui voit renaître la guerre contre les forces du mal, et Les Reliques de la mort, point finale de cette guerre, Le Prince de sang-mêlé peut apparaître assez calme en termes d’action. Une volonté sûrement assumée, les deux seules batailles étant même relativement vite expédiées. La noirceur de ce sixième opus se veut plus intime. Voldemort n’apparaît qu’à travers la Pensine (notamment sous les traits de Frank Dillane, étonnement charismatique pour son âge) mais son ombre plane sur tout le film. On y voit également un Dumbledore affaibli, sur le point de sombrer, achevant de former celui qui sera son successeur, notamment au cours de la scène majeure du film, celle de la caverne, qui sonne comme la véritable passation de pouvoir entre les deux sorciers. Difficile de ne pas classer Harry Potter et le Prince de sang-mêlé parmi les meilleurs épisodes de la saga cinématographique.
Obliviate !
Le choix(peau) de Thom Prn : Harry Potter 7.1
Il serait facile de choisir le 3e volet. Alfonso Cuaron volant une classe au-dessus de ses compères aux manettes d’un film de le saga, le Prisonnier d’Azkaban apparaît inévitablement comme un film solide et un divertissement résolument qualitatif. Mais ce choix, convenu, serait digne d’un médiocre sorcier de Poufsouffle… Choisir le 6ème volet ne serait pas faire honneur au meilleur tome (mais les Cracmol se contentent des miettes), tandis qu’opter pour le chapitre final serait aussi faire preuve d’autant de courage qu’un Malfoy. Voilà pourquoi je l’assume : HP 7.1 est le meilleur volet cinématographique.
Certainement validée pour des raisons économiques, la scission du dernier volume littéraire en deux films a permis une très fidèle adaptation de l’ultime volet de la saga. Les puristes, dont je fais modérément partie, ont forcément apprécie après avoir dit adieu à de trop nombreux arcs narratifs autour des Maraudeurs, des Black et surtout de Voldemort dans le précédent et frustrant chapitre. Cette première partie des Reliques de la Mort est, selon moi, le film le plus réussi pour de nombreuses raisons : sa maturité, sa noirceur, d’abord. On constate également que le trio d’acteurs a gagné en justesse dans leurs interprétations – fini le surjeu pour Emma Watson – et cette première partie presque intimiste leur offre l’occasion d’étoffer leur jeu, entre désillusion et mélancolie lancinante.À leurs côtés, le casting de seconds rôles n’en finit plus de ressembler à une équipe de rêve : si la diabolique Helena Bonham-Carter et le toujours aussi charismatique Alan Rickman sont particulièrement en avant, ils demeurent bien secondés par la crème de la crème (anglaise) avec entre autres Rhys Ifans, Peter Mullan, Timothy Spall, Bill Nighy, Imelda Stauton…
Cette adaptation a d’ailleurs offert l’une des plus belles scènes de la saga (scène n’existant pas dans le livre) avec ce moment musical sous la tente (merci Nick Cave), d’une beauté simple et bouleversante. On retrouve également une certaine audace avec l’inoubliable et inattendue séquence animée racontant le Conte des Trois Sorciers. Harry Potter et les Reliques de la Mort (partie 1) est-il le meilleur film de la saga ? Probable. Est-il le plus fidèle et le plus audacieux, c’est certain.
Avada Kedavra !
Le choix(peau) de Julian : Harry Potter 7.2
Alors que la 1ère partie, tout en sobriété, se concentrait sur la quête des 3 sorciers des derniers Horcruxes, cet épisode final s’avère être le plus violent à travers l’affrontement final entre les troupes de Harry et celles de Voldemort. La nostalgie souffle dès l’introduction dans la banque Gringotts, rappelant des passages clés des autres films (la grotte, le basilic, la salle sur demande…), avant de s’embarquer au cœur de la « pensine » dans une adaptation bluffante du roman. Cette séquence essentielle met puissamment en lumière la jeunesse des parents de Harry et permet enfin de comprendre le rôle central de Rogue.
La dernière bataille, aux relents épiques du Seigneur des Anneaux, est une réussite alternant noirceur, violence et moments de flippe (le serpent Nagini n’y est pas pour rien) avant un duel final en forme de western. Outre la justesse des acteurs, la totale maîtrise des effets spéciaux et la mise en scène virtuose de David Yates, c’est surtout l’émotion suscitée par la fin de cette saga pour laquelle nous avions pris l’habitude de voir débarquer un film tous les 2 ans, qui façonne cet ultime épisode. Un final réussi !