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HUNGRY HEARTS

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Défaite des mères

Jude et Mina se rencontrent à New York. Entre l’Américain et l’Italienne, c’est le coup de foudre. Ils s’installent ensemble, se marient et deviennent parents. Mais la naissance de leur enfant vient bouleverser leur relation. Mina tient à protéger le bébé du monde extérieur. Jude, commence par la comprendre, jusqu’à ce qu’il prenne conscience que quelque chose ne va pas…

Amers au foyer.

La scène d’ouverture d’Hungry Hearts est lumineuse, triviale, cocasse et tendre. Elle montre la rencontre, en un plan séquence fixe, de Jude et Mina dans les toilettes d’un restaurant. Cette entame a tout pour laisser augurer d’une comédie romantique. Malgré tout, il s’échappe de ces quelques minutes badines un sentiment de menace, d’oppression : le décor restreint dans lequel se déroule la séquence, lui même contenu dans un cadre inamovible, réveille des instincts claustrophobiques. On devine alors que le programme amoureux sera contrarié. La suite le confirme : le couple s’aime, s’unit, se reproduit… Mais il s’enferme, se replie sur lui. Devenus parents, Jude et Mina ne répondent plus aux sollicitations amicales, se tiennent à l’écart de leurs proches, se calfeutrent dans leur petit appartement new yorkais. Mina perçoit le monde extérieur comme une menace, et Jude, d’abord aveuglé par ses sentiments, finit par s’apercevoir que quelque chose cloche. Et doucement, le thriller et l’angoisse repeignent les murs de la romance exclusive.

Dans son précédent – excellent – film, La Solitude des nombres premiers, Saverio Costanzo prenait un malin plaisir à suggérer une possible irruption de violence, physique ou morale, pour mieux prendre à rebours les attentes du spectateurs. Il utilise ici le même procédé : le spectateur se tient aux aguets, anticipant un dérapage qui finira par survenir… ou non. Certains choix de mise en scène, notamment le recours au grand angle, matérialisent le malaise, quitte à agresser l’oeil ou à surligner des intentions évidentes. Mais c’est avant tout la force du duo Adam Driver/Alba Rohrwacher, tous deux récompensés d’un prix d’interprétation à Venise, qui embarque le spectateur dans le glissement progressif des personnages vers la folie.

Costanzo a adapté le roman de Marco Franzoso, Il Bambino indicato (« L’enfant indigo », inédit en France) en transposant l’intrigue, se déroulant en Italie, à New York. « J’en avais assez de tourner en Italie et je trouvais que New York était plus approprié pour cette histoire », se justifiait le réalisateur en présentant son film lors d’une avant-première à Paris. Le résultat ne lui donne pas tort : la Mina de Hungry Hearts semble entretenir un cousinage avec la Rosemary de Roman Polanski et la métropole américaine, dont les rues ont été fétichisées par les thrillers, apparaît comme un environnement naturellement hostile. Or, la Grosse Pomme apparaît peu à l’écran… Si pépin il y a, c’est au coeur du foyer. Le noyau familial comme territoire hostile, le trop-plein d’amour qui se cristallise en élan destructeur… le film boucle la boucle claustrophobique : la menace, la vraie, sommeille en chacun de nous. Hungry Hearts, comme des coeurs affamés, prêts à tout dévorer.

La fiche

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HUNGRY HEARTS
Réalisé par Saverio Costanzo
Avec Alba Rohrwacher, Adam Driver, Roberta Maxwell…
Italie, Etats-Unis – Drame, Romance
Sortie en salle : 25 Février 2015
Durée : 113 min




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tinalakiller
9 années il y a

Pour ma part, j’ai adoré ce film, je suis ressortie de la salle très émue et également très angoissée! C’est émouvant de voir autant d’amour dans un couple en train de désunir… par amour pour un enfant. J’ai trouvé les personnages complexes, attachants, même Mina dans sa folie la plus extrême. Même si le comportement de Mina est vraiment mis en avant (faut avouer qu’on flippe pour elle et son bébé) le réalisateur ne tombe pas dans le manichéisme (Jude a également sa part de responsabilité). J’ai également beaucoup aimé la mise en scène, bourrée de détails et qui arrive à montrer cette solitude, cette ambiance étouffante. Le scénario est pour moi bon, il alterne justement entre les points de vue et il est plutôt surprenant. Enfin Driver et Rohrwacher sont époustouflants, ils méritaient leurs prix à Venise.

Isabelle de Guinzan
Isabelle de Guinzan
9 années il y a

Je plussoie ! Effectivement un film qui ne laisse pas indifférent… Pas forcément à voir quand on envisage d’être parent prochainement en revanche ^^ J’ai beaucoup aimé la façon dont le sujet était traité, sans anti-ci ou pro-cela. Un duo d’acteurs parfaits aussi. On s’enfonce petit à petit dans une ambiance de plus en plus pesante à mesure que Mina s’enfonce elle dans sa folie. Son personnage reste pourtant jusqu’au bout touchant. Un film vraiment intéressant, visuellement également. Par contre pour ma part je n’ai pas vraiment été séduite par la fin, elle m’a dérangée par rapport au reste du film, j’ai trouvé qu’on n’ « y croyait pas »…

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