KIM JI-YOUNG : BORN 1982
Kim Ji-young est une épouse aimante et une mère attentionnée. Soucieuse de respecter les traditions familiales sud-coréennes, la jeune trentenaire a quitté son travail dans une agence de relation publique pour se consacrer entièrement à l’éducation de sa fille. Ces valeurs ancestrales ne lui correspondent cependant pas, et Kim Ji-young commence à perdre pied.
Critique du film
Adapté d’un best-seller coréen, le film de Kim Do-young expose les difficultés pour les femmes coréennes à s’affranchir du carcan des traditions. Dans une société profondément patriarcale, où depuis l’enfance, les garçons sont placés sur un piédestal, difficile pour les jeunes femmes d’échapper à leur condition. Et c’est un phénomène qui perdure et se répète de générations en générations. Dans le film, la mère de Kim Do-young a ainsi dû travailler pour payer les études de ses frères, avant de devenir mère au foyer. Kim Do-young, elle, a dû abandonner son travail pour s’occuper de son premier enfant devant l’impossibilité structurelle et culturelle de concilier les deux.
La coutume en Corée du Sud veut aussi par exemple que la mariée s’occupe de toutes les tâches ménagères chez sa belle-famille ; son époux, lui, a juste à profiter de l’instant. En plus de ces vieilles traditions héritées d’un autre temps mais aux répercussions tenaces, les femmes sont aussi confrontées durant toute leur vie à une pression constante, que ce soit dans les lieux publics, à leur domicile où sur leur lieu de travail. Aux sacrifices de leurs rêves et ambitions, s’ajoutent ainsi la culpabilité de ne pas répondre aux attentes et les humiliations fréquentes.
La réalisatrice parvient bien à retranscrire la dualité de cette société partagée entre traditions et progressisme, et la complexité pour les femmes de vivre selon des standards divergents. Elle est bien aidée par son actrice principale, Jung Yu-mi, toujours impeccable, qui retrouve l’acteur Gong Yoo dans le rôle de son mari, et avec qui elle partageait déjà l’affiche dans Dernier train pour Busan (2016) ou dans le bouleversant Silenced, projeté au FFCP en 2012.
Kim Ji-young: Born 1982 est un premier film prometteur qui construit intelligemment son propos féministe et universaliste malgré quelques longueurs. Un film sur la difficulté de l’émancipation féminine dans un contexte de sexisme ordinaire et qui avait donc toute sa place dans cette sélection du FFCP résolument centré sur la condition des femmes dans la société coréenne.