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KONG : SKULL ISLAND

Générique

Un groupe d’explorateurs plus différents les uns que les autres s’aventurent au cœur d’une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu’ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong… 

Sois Kong et tais-toi.

Nouvelle version du mythe de King Kong, initié en 1933 par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, ce Kong : Skull Island s’est démarqué dès sa campagne promotionnelle clairement orientée pop, en faisant référence aussi bien à Apocalypse Now de Francis Ford Coppola qu’aux films de monstres japonais, et ce dans une énième posture nostalgique.

Le film de Jordan Vogt-Roberts est-il alors une variation pop sympa d’un mythe vieux de quatre-vingt-quatre ans ? Ou n’est-il qu’une nouvelle victime du mal qui ronge le blockbuster américain depuis l’avènement de Marvel ? Soyons honnêtes : on ne se lance pas dans cette aventure en pleine confiance, car on sait d’ores et déjà que le film sert avant tout de rampe de lancement à ce qu’une équipe de marketeux a habilement nommé le « Monsterverse ». On nous présente donc ici le Roi Kong pour mieux le faire s’affronter dans un prochain épisode à un autre « famous monster » : Godzilla (le face à face est déjà prévu pour 2020).

Des singes et des hommes

Alors ce Kong : Skull Island, que raconte-t-il précisément ? Pas grand-chose, justement. Difficile de se défaire de l’impression d’être face à une bande-annonce géante (elle aussi) de près de deux heures, tout juste bonne à nous présenter les films suivants.

Devant l’autel des sacrifiés sont présents au premier rang les personnages – ou plutôt ce qui est supposé passer pour tels. Aucun n’existe réellement, chacun des rôles étant réduit à celui de simple fonction, sans la moindre consistance et n’allant jamais plus loin que le cliché ambulant. Tous les stéréotypes sont là : l’aventurier aux bras musclés, la jolie photographe, l’intello à lunettes forcément maladroit, la scientifique asiatique qui ne sert à rien, le militaire noir rigolo et le militaire noir un peu moins rigolo. Seul le personnage incarné par John C. Reilly est doté d’un semblant d’arc narratif, malheureusement pas toujours très bien exploité. Mais la perspective de voir des talents tels que John Goodman, Tom Hiddleston, Brie Larson, Samuel L. Jackson et Toby Kebbell se débattre dans une jungle hostile face à diverses créatures géantes accouche finalement d’une (petite) souris.

On était en droit de s’attendre à autre chose de la part de Vogt-Roberts, jeune réalisateur dont le précédent film (le joli conte initiatique The Kings of Summer) faisait la part belle à ses personnages. Mais malgré la présence de quatre (!?) scénaristes, l’histoire de Kong : Skull Island ne s’aventure jamais au-delà de son excitant concept de base. Au milieu de tout ça survivent malgré tout quelques beaux moments, principalement dus au talent visuel du réalisateur qui ponctue son film de magnifiques money shots (Kong émergeant des flammes ou sur fond d’un soleil rougeoyant) et de séquences d’action qui flattent la rétine, le tout étant suffisamment bien rythmé pour que l’on ne s’y ennuie pas trop. Pour les amateurs de combats de titans, il y a de quoi prendre du plaisir, même si l’on est plus proche de Jurassic World que de Pacific Rim (qui avait pour lui une mise en scène inventive alliée à une originalité visuelle).

À la Marvel

Et le personnage titre dans tout ça ? Aucun doute là-dessus : il est bien mis en valeur. Peut-être même un peu trop. Car contrairement au Godzilla version Gareth Edwards qui jouait sur les attentes du spectateur en insistant sur le hors-champ, Kong est révélé dans toute sa splendeur quasiment dès le début, jusque dans ses moindres détails (on peut même voir le tartre sur ses dents). On ressent clairement sa toute-puissance et sa fureur bestiale. En revanche, les quelques tentatives pour lui donner une âme échoue à peu près toutes.

Skull : Kong Island demeure donc un spectacle généreux bien plus digeste que les 5h30 (dont 4H30 d’action) de la version de Peter Jackson. Au mieux, il se limite à un film de story-boardeur, aux effets spéciaux et sonores au top impeccable mais qui aurait oublié son scénario en route… Au pire, à un produit sans saveur et inconséquent – ce que le final au goût d’inachevé ne fait qu’appuyer. (Mais ce n’est pas grave, puisqu’il y a bien évidemment une séquence post-générique pour annoncer la suite et faire applaudir les geeks d’excitation ! – ndr)

Qu’elle semble loin l’époque où les films existaient pour eux-mêmes, où les blockbusters avaient d’autres fonctions que de servir de teasers sur grand écran, où le cinéma de divertissement n’avait pas pour unique but d’intégrer un grand tout franchisé à l’excès. La « Marvelisation » du cinéma de divertissement est bel et bien en marche et n’épargnera rien ni personne.

La fiche

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KONG : SKULL ISLAND
Réalisé par Jordan Vogt-Roberts
Avec Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson, Brie Larson…
Etats-Unis – Comédie dramatique
Sortie : 8 mars 2017
Durée : 118 min




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