LA ISLA MINIMA
Deux flics que tout oppose, dans l’Espagne post-franquiste des années 1980, sont envoyés dans une petite ville d’Andalousie pour enquêter sur l’assassinat sauvage de deux adolescentes pendant les fêtes locales. Au coeur des marécages de cette région encore ancrée dans le passé, parfois jusqu’à l’absurde et où règne la loi du silence, ils vont devoir surmonter leurs différences pour démasquer le tueur.
Chiens andalous.
Incontestable vainqueur des derniers Goyas (Les César espagnols) avec pas moins de 10 prix, La Isla Minima est un polar sec qui dépeint une histoire de meurtres sordides dans une Andalousie sclérosée par le franquisme.
Ne vous fiez pas au générique façon documentaire à la Yann Arthus-Bertrand, le réalisateur Alberto Rodriguez est plutôt inspiré par le cinéma de genre dont il ne cache pas ses influences. Un duo de flics vaguement névrosés, des marécages, une photographie saturée de jaune et un tueur en série… Malgré des signes évidents qui lorgnent vers True Detective, on est quand même loin du compte pour arriver au (haut) niveau de la première saison de la série HBO. Mais l’essentiel est ailleurs que dans cette comparaison facile que l’on n’a pas fini d’entendre.
La force du film est d’avoir d’abord planté le décor dans cette région inhospitalière de l’Espagne qui confère toute la moiteur et l’étrangeté qui s’en dégagent. Les différents plans aériens de cette zone marécageuse, qui rappellent étonnamment la Camargue, permettent des parenthèses ahurissantes de maîtrise qui donne littéralement le vertige.
Rodriguez dépeint une Espagne post-franquiste, en pleine transition démocratique, où la population est clairement livrée à elle-même, en manque total de repères après 40 ans de dictature. C’est dans ce contexte social difficile, entre grèves et économie au ralenti, que deux flics que tout oppose vont devoir régler une histoire de meurtres. Pour ne rien arranger, les victimes sont de jeunes adolescentes dans une période où la femme ne bénéficie d’aucune reconnaissance. Autant dire qu’hormis les parents anéantis et les deux policiers ambitieux, personne ne semble être prêt à bouger pour aider à résoudre l’enquête.
Mais la trame policière s’avère rapidement secondaire, tant le réalisateur cherche à proposer une lecture politico-sociale, qui rappelle les discours de Pablo Iglesias, le leader du très médiatique parti de gauche Podemos. Une actualité qui n’est d’ailleurs certainement pas étrangère au tel retentissement du film dans cette partie de l’Europe. On ne peut que saluer ce besoin de montrer frontalement cette période sombre de l’histoire espagnole. Nul doute de la volonté de Rodriguez d’éduquer les jeunes générations pour mieux contrer des récentes propositions de lois liberticides (remise en cause du droit à l’avortement pour n’en citer qu’une).
Au delà de sa portée politique, et s’il n’y a rien à redire côté mise en scène et direction des acteurs (très bons), le film manque clairement de rythme et le scénario reste totalement balisé. Il est d’ailleurs irritant de voir autant de qualités entachées par la faiblesse de l’intrigue. Le mini twist final parvient juste à renforcer la dualité des flics et tombe plutôt à plat pour laisser un étrange goût d’inachevé.
Un polar de bonne facture qui, sans être le grand film attendu, prouve que le cinéma ibérique a encore de la vitalité.
La fiche
LA ISLA MINIMA
Réalisé par Alberto Rodriguez
Avec Raúl Arévalo, Javier Gutiérrez (II), Antonio de la Torre…
Espagne – Policier
Sortie en salle : 15 Juillet 2015
Durée : 104 min
Excellent thriller, bine mené, des acteurs épatants et un contexte géo-historique qui confère un plus non négligeable
Bonsoir, moi aussi, je souscris aux bonnes critiques sur ce film bien fait, bien mené, bien joué et que dégage une atmosphère particulière. Bonne soirée.
J’ai pris mon pied devant ce thriller à l’ambiance poisseuse, très esthétique et une superbe photographie.
On se laisse prendre dans cette intrigue, simple mais efficace et par la beauté des paysages. Petit regret, le film aurait pu gagner en substance avec notamment un développement sur la relation entre ces deux enquêteurs.
Coup de cœur pour la scène de poursuite nocturne !
8/10.