LA STRATÉGIE ENDER
UN JEUNE GARÇON SURDOUÉ SUIT UNE FORMATION MILITAIRE RÉSERVÉE À L’ÉLITE POUR SAUVER L’ESPÈCE HUMAINE D’UNE ÉVENTUELLE INVASION EXTRATERRESTRE.
Mieux vaut lire que pleurer
Attention, c’est le fan qui parle. Je ne sais vraiment pas par où commencer. Je vais tenter, humblement, de rester le moins virulent et le plus objectif possible. Lorsqu’Hollywood tente d’adapter une œuvre littéraire, le résultat est souvent chaotique. Autant le dire d‘entrée de jeu, c’est le cas de La stratégie Ender.
Faisons bref et commençons par les points positifs car il y en a peu. Les plans et les effets spéciaux du film sont superbes et les batailles spatiales sont fluides tandis que les séquences de combats retranscrivent bien l’atmosphère du livre. L’autre bon point du film est son casting… ou du moins, une partie de celui-ci. Car si Asa Butterfield (Ender) et Hailee Steindfeld (Petra) tiennent la route dans leur rôle respectif, le reste est beaucoup moins convainquant : un Harrison Ford en éternel grincheux ou un Ben Kingsley tatoué ne sortent pas vraiment du lot, alors que les autres interprètes s’avèrent trop insignifiants pour en tirer un jugement.
Parlons maintenant de ce qui fâche. Lorsqu’on adapte une œuvre importante de la science-fiction, il est nécessaire de prendre des gants, d’en comprendre les thèmes majeurs et l’importance des personnages ainsi que les épreuves qu’ils traversent. Après un tel massacre, il est difficile de croire qu’Orson Scott Card ait eu une véritable implication dans l’écriture du scénario. À trop vouloir en faire, le réalisateur-scénariste Gavin Hood en a oublié l’essentiel : Ender. Si l’on oublie la dimension psychologique du personnage pour privilégier l’action, on survole l’histoire sans ne jamais ressentir la moindre pression (ou empathie) envers le personnage. Alors que dans le livre la psychologie d’Ender nous guide dans cet univers d’enfants militaires – et surtout dans ses choix stratégiques – ici, c’est le vide intersidéral. On nous balance trois phrases de temps en temps pour nous rappeler qu’il comprend l’ennemi, et c’est tout. Pareil pour la manipulation stratégique de Graff qui passe nonchalamment à la trappe sans un rappel de temps à autre.
On s’interrogera ainsi sur la volonté des producteurs de chercher à tout caser en deux heures quitte à faire d’énormes coupures dans le livre en sacrifiant ce qui en faisait l’âme. Où sont passées les répercussions sur Terre ? Où se sont terrés Démosthène et Locke, alias Valentine et Peter Wiggins, et leur stratégie permettant à Peter de devenir l’acteur politique majeur et futur Hégémon ? D’ailleurs, que sont le Stratégos et l’Hégémonie ? Comment peut-on juger que cette partie de l’histoire est sans importance ? Passer à côté de tout cela, c’est rater toute l’intelligence du récit. Je retiendrais également mes mots en ne parlant pas de la justification honteuse du surnom de Bean, du passage éclair de l’équipe du Dragon, de l’histoire d’amour naissante entre Ender et Petra, et surtout… de tout ce qui se passe après la bataille finale. Lisez-le livre, vous tomberez des nues.
En résumé, que l’on soit fan ou non, lecteur ou non, cette adaptation de La Stratégie Ender est loin d’être réussie. Malgré ses arguments visuels et ses quelques acteurs performants, le film passe à côté de tout ce qui fait de ce livre une oeuvre culte du genre. Une véritable déception.
La ficheLA STRATÉGIE ENDER
Réalisé par Gavin Hood
Avec Asa Butterfield, Harrison Ford
USA – Action, SF
6 novembre 2013
Durée : 114 min
L’avis du néophyte : N’ayant pas lu le livre, mes attentes n’étaient pas forcément aussi fortes. Néanmoins, le résultat est tellement navrant que je soutiens sans détour la révolte légitime de Tom Left. La stratégie Ender est un roman de SF hautement estimé, il aurait été judicieux d’en confier l’adaptation à un véritable cinéaste plutôt qu’à un manchot déjà responsable du consternant Wolverine Origins. Le casting est à la dérive, les enfants en font des tonnes, les adultes ne font pas mieux. Tous les thèmes qu’il aurait été intéressant de fouiller sont survolés ou évités. Enfin, la dimension psychologique du personnage central est oubliée au profit de séquences larmoyantes transformant ce petit génie incompris terriblement attachant en petite tête à claques geignarde. Fuyez ce produit marketing destiné aux pré-adolescents pour lequel Gavin Hood devrait présenter des excuses publiques pour injure artistique. тном ряи.
Pour ma part, je m’attendais vraiment à une grosse daube, mais j’ai trouvé ça finalement très chouette ! Il m’a nettement plus captivé que l’autre film SF du moment (Snowpiercer) et j’ai trouvé la morale finale du film très intéressante. Un bon petit divertissement.
La morale est la même dans le livre. Dis toi que tout ce que tu as dû trouver chouette dans le film n’est qu’une infime démonstration de ce qu’est l’œuvre d’origine!. Tout est survolé et c’est navrant. Il n’en ressort qu’un film SF lambda qui ne laisse qu’une sale impression d’inachevé.
héhéhé… encore 100% d’accord avec toi !… Pour celui-ci je me sentais un peu seul… 0/4