LA VENGEANCE DU DRAGON NOIR
À l’âge de six ans, Tsai Ying-jie assiste au massacre de sa famille orchestré par cinq seigneurs malfaisants dans le but de s’emparer de la légendaire Épée Chasseuse d’Âmes. Bien des années plus tard, devenu maître dans le maniement de la lame, le jeune homme part à la recherche des assassins de ses parents afin de venger leur mort. Au cours de sa quête meurtrière, Tsai Ying-jie sera secouru par l’intrépide Hirondelle. Mais il ignore que cette dernière n’est autre que la fille de Yun Chung-chun, l’un des hommes sur sa liste…
Critique du film
Avant de réaliser, en 1968, La Vengeance du dragon noir, son premier Wu xia pian – ou film de sabre -, le réalisateur taïwanais Joseph Kuo mis en scène deux drames et avait fourni un travail prolifique de scénariste. Très inspiré par le cinéma de King Hu, Joseph Kuo livrait avec cette œuvre une histoire de vengeance et d’honneur très maîtrisée, avec des scènes très classiques pour ce genre de film, comme des combats superbement chorégraphiés, mais se démarquait aussi d’autres longs-métrages du même style en offrant à travers le cheminement moral, spirituel du héros un conflit de taille, un dilemme qu’on pourrait qualifier de cornélien.
En effet, Tsai Ying-jie, le héros de cette histoire qui a vu sa famille assassinée lorsqu’il était enfant, va hésiter entre pardon et vengeance, entre la tentation de céder à l’amour et la volonté d’être fidèle à des notions d’honneur solidement établies. Cette notion de spiritualité, qui vient adoucir le caractère du héros, le rendre plus vulnérable confère une originalité qui n’est pas un des moindres atouts de cette histoire. Cette humanité du personnage principal n’est pas forcément si fréquente dans ce type de films où l’esprit de vengeance associé à une quasi-infaillibilité du héros fait parfois baisser l’intérêt du spectateur. Ce n’est pas le cas ici, grâce à cet effort de complexification des personnages et à un refus du manichéisme.
La Vengeance du dragon noir possède un attrait tout particulier également grâce à un aspect à la limite du fantastique, en raison des acrobaties spectaculaires qui parsèment certains combats, qui voient les protagonistes s’affranchir de la pesanteur. De même, la facilité qu’a Tsai Ying-jie à décimer ses adversaires renforce cette connotation surnaturelle, où l’esprit de celui qui a travaillé inlassablement son kung fu et sa maîtrise de l’épée supplante la matière. Ce récit offre par ailleurs de très beaux paysages magnifiés par l’utilisation d’un format large et le travail du chef opérateur. Les duels en bord de mer sont des modèles en la matière et un régal pour les yeux. Cette élégance de la mise en scène et des duels et combats se retrouve dans les échanges entre protagonistes et le parcours intérieur du héros.
La Vengeance du dragon noir est ressorti au cinéma le 22 mai dans une superbe version restaurée 2K, distribuée par Carlotta Films et on peut aussi le découvrir ou le revoir depuis le 4 juin en Blu-Ray. Le film est accompagné de suppléments, dont un entretien avec le réalisateur Joseph Kuo.
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