Rouge est mis (Le) – Paysage background

Le Film de truands – partie 1 : émergence et apogée du genre

Après Henri Jeanson, l’art du bon mot, la plateforme Gaumont Classique propose un nouveau documentaire inédit des mêmes réalisateurs : Roland-Jean Charna et Matthieu Moerlen, avec là encore l’intervention d’érudits spécialistes d’un genre bien spécifique le film de truands. Grâce à Natacha Levet, enseignante chercheuse spécialiste du roman noir, Loïc Artiaga, maître de conférences en histoire culturelle et Matthieu Letourneux, professeur de littérature, on découvre d’un autre œil ce type de films, à travers des extraits et des analyses qui nous évoquent les origines, les grandes thématiques et les œuvres emblématiques de ce genre codifié le cinéma français et a laissé des titres mythiques. 

Rappelant l’importance au départ d’une certaine forme de littérature, par exemple les feuilletons du type Les Mystères de Paris d’Eugène Sue, qui évoquaient déjà les bas-fonds, la misère et la violence, cette première partie du documentaire rappelle l’importance du serial Fantômas de Louis Feuillade, mais aussi des romans édités par la Série Noire et le Fleuve Noir. Des auteurs comme Albert Simonin ou Auguste Le Breton ont fait à la fois les belles heures de la littérature policière et celles du cinéma de genre, à travers des adaptations auxquelles ils collaboraient parfois eux-mêmes pour le scénario et/ou les dialogues.

Le film charnière, le point de départ de la filmographie, c’est Touchez pas au grisbi de Jacques Becker, d’après Albert Simonin. Ce long-métrage est resté célèbre pour ses qualités techniques et artistiques mais aussi son importance historique : il a fortement contribué à relancer la carrière de Jean Gabin, fait tourner pour la première fois Lino Ventura et a imposé un ton, un style. Le film de truands français développe souvent des thèmes récurrents, avec des lieux de prédilection et porte en lui une tendance au film social ou au mélodrame.  Dans certains cas, il est même parfaitement documenté sur un sujet de société brûlant comme celui de la drogue dans Razzia sur la chnouf, d’Henri Decoin, tellement réaliste qu’il servira de document à la police. 

On revient à plusieurs reprises sur les grands films mythiques, Razzia sur la chnouf, Le Rouge est mis, Du Rififi chez les hommes, mais sans oublier de nous faire découvrir des cinéastes moins connus comme Raoul André ou Henri Lepage. C’est aussi l’un des mérites de ce document que de nous donner envie de nous faire découvrir des films moins connus, mais qui ont le mérite d’éclairer le genre d’un jour nouveau.

Cette première partie instructive est un bon point de départ pour partir à la découverte d’un certain nombre de ces films sur la plateforme Gaumont Classique qui propose depuis le 5 juillet ce documentaire dont la suite sera disponible dès le 2 août.