LE ROI ET L’OISEAU
Le Roi Charles V et Trois font Huit et Huit font Seize règne en tyran sur le royaume de Takicardie. Seul un Oiseau, enjoué et bavard, qui a construit son nid en haut du gigantesque palais, tout près des appartements secrets de Sa Majesté, ose le narguer. Le Roi est amoureux d’une charmante et modeste Bergère qu’il veut épouser sous la contrainte. Mais celle-ci aime un petit Ramoneur. Tous deux s’enfuient pour échapper au Roi et, réfugiés au sommet de la plus haute tour du palais, sauvent un petit oiseau imprudent pris à l’un des pièges du Tyran. Le Père Oiseau reconnaissant promet en retour de les aider. La police retrouve la trace des fugitifs. Une folle poursuite s’engage. Des machines volantes conduites par des policiers moustachus, de mystérieuses créatures couleur de muraille qui espionnent la ville, des tritons motorisés et le Roi sur son trône électrique flottant, ou sur son gigantesque Automate, les pourchassent…
La bergère et le ramoneur
Enfant j’ai plusieurs fois regardé ce grand classique français de l’animation, mis en image par Paul Grimault et écrit avec la complicité de Jacques Prévert. Le Roi et l’Oiseau déclenchait en moi un sentiment de fascination mêlée d’inquiétude. L’univers imaginé par le tandem avait quelque chose de glauque, de poétique et de menaçant. Ce ressenti resterait-il similaire presque vingt ans plus tard à l’occasion de la ressortie en salles du classique restauré pour l’occasion ?
L’introduction nous immerge rapidement dans le ton et avec les protagonistes de l’histoire par une présentation de l’Oiseau moqueur, ce personnage bienveillant et haut en couleurs qui prend un malin plaisir à narguer et ridiculiser le monarque, le Roi Charles Cinq et Trois font Huit et Huit font Seize, tyran mégalomane et amateur d’art.
C’est justement dans ses appartements (secrets) que l’on découvre deux tableaux, l’un représentant une charmante et timide bergère tandis que dans le second vit un jeune ramoneur. Rapidement, nous comprenons que les personnages de ces tableaux prennent vie la nuit, lorsque le roi de Takicardie est endormi.
Conte fantastique et romantique, Le roi et l’oiseau est librement inspiré du conte d’Andersen « La bergère et le ramoneur ». Lauréat du Prix Deluc en 1980, ce film d’animation parle de liberté, d’amour, de lutte des classes et dénonce la tyrannie et la bêtise. Certaines séquences sont plus marquantes que d’autres (le film souffre de quelques longueurs). On pensera notamment à la découverte des personnages dans leurs tableaux, à la libération du petit oiseau prisonnier par le ramoneur mais aussi à la fuite des deux amoureux, pourchassés par les gardes du roi, et enfin ce final superbe avec le robot assis sur un tas de débris, comme résigné et épuisé par le chaos et la folie de ce monde. Les dessins sont superbes et le monde graphique imaginé par Prévert/Grimault assez atypique même s’il rappelle parfois Metropolis. La musique, composée par Joseph Kosma et Wojciech Kilar et enregistrée par l’orchestre symphonique de Pologne, est sublime et apporte une touche supplémentaire de mélancolie et de lyrisme au métrage.
Un dessin animé pas forcément facile d’accès mais qu’il convient de découvrir, quelque soit l’âge. Drôle, poétique et parfois oppressant, Le roi et l’oiseau n’a rien à envier aux productions actuelles, ni du côté de Pixar ni de celui de Miyazaki.
LE ROI ET L’OISEAU
RÉALISÉ PAR PAUL GRIMAULT
FRANCE – 83 MIN – ANIMATION, FANTASTIQUE, ROMANCE
AVEC LES VOIX DE JEAN MARTIN, PASCAL MAZZOTTI
RESSORTIE EN SALLES : 17 JUILLET 2013
Moi aussi je trouvais ce film inquietant petite ! Malgre la fin plutot positive, il me rendait triste. Mais il est magnifique, aucun doute.
La fin est assez mélancolique malgré le happy-end, à l’image de ce robot qui semble bien las, assis sur ce monticule de débris.
Je trouve ce film très triste moi aussi. Je pense (donc je suis) que le roi
trois et cinq font huit et huit font seize
représente un véritable amoureux incompris et que ce film cherche à en faire une caricature mensongère. C’est mon impression et je crois que ce film, comme bien d’autres, est une œuvre spirituelle. Pour l’aspect technique, qui après tout est plus important pour juger une œuvre, il est effectivement très beau. Fort en poésie, très esthétique et la musique est agréable à l’oreille. Que dire de plus ? Je lui donnerais 8/10