LÉON, DIRECTOR’S CUT
Un tueur à gages répondant au nom de Léon prend sous son aile Mathilda, une petite fille de douze ans, seule rescapée du massacre de sa famille. Bientôt, Léon va faire de Mathilda une « nettoyeuse », comme lui. Ainsi Mathilda pourra venger son petit frère.
A bird in New-York
Il fut un temps où Luc Besson et Jean Reno étaient des personnages cinématographiques respectables. Le premier était un cinéaste doté d’un savoir-faire intéressant et d’une passion pour le septième art assez évidente avant que sa démarche ne devienne progressivement que pécuniaire. Le second, aujourd’hui sarkozyste accompli, a vu sa carrière décliner vertigineusement, accumulant les navets depuis plus de quinze ans. Sa filmographie ressemble aujourd’hui à un champ de ruines au milieu duquel subsiste un seul et vrai grand rôle : celui de Léon le nettoyeur.
A l’origine, le personnage imaginé par Luc Besson était déjà apparu sous un autre nom (Victor) dans le film Nikita. Mais son intervention était assez limitée. Jean Reno a tout de suite senti qu’il y avait quelque chose à tirer de ce nettoyeur et a suggéré à son ami cinéaste d’écrire une histoire plus approfondie sur celui-ci. Le fantasme a évolué en projet concret et enthousiasmant dès lors que le réalisateur français a réussi à engager l’imprévisible et grandiose Gary Oldman pour incarner le policier corrompu qui allait causer la chute du tueur à gages qu’est Léon. Viendront s’ajouter l’acteur italien Danny Aïello et la jeune actrice débutante que l’on ne présente désormais plus Natalie Portman. Le tournage durera environ dix-sept semaines réparties entre New-York (parfois clandestinement) et les studios d’Epinay, dans la région parisienne.
Sorti en salles en septembre 1994, Léon avait été amputé de 25 minutes en raison de certaines scènes jugées trop ambiguës ou violentes par les distributeurs américains. Le film bénéficie finalement d’une sortie director’s cut (version longue) deux ans plus tard, plus fidèle à la vision et à la volonté de Luc Besson. Plus intense et plus émouvante, cette version longue gagne en profondeur et les scènes supplémentaires se révèlent vite indispensables.
Le film s’ouvre par un travelling avant survolant Central Park, nous faisant entrer d’emblée dans Manhattan, quartier où se déroulera l’histoire de Léon et de celle qui croisera son chemin, Mathilda. Dès la première séquence chez Tony (Danny Aiello), on réalise combien Besson fut un putain de cinéaste. Son savoir-faire dévore l’écran : plans rapprochés, cadrages soignés, utilisation des champs redoutable, éclairages et photographie bichonnés, dialogues tranchants et indélébiles, univers sonore faste et musique entêtante (merci Eric, Bjork et Sting), personnages emblématiques. La séquence suivante montre avec une efficacité imparable combien Léon est un professionnel redoutable. C’est en rentrant chez lui qu’on découvre qui est véritablement Léon : un être solitaire, naïf, introverti, presque invisible, qui n’a pour compagnon que sa plante verte qu’il soigne méticuleusement. Apparaît alors une jeune fille d’une douzaine d’années qui va bouleverser son quotidien et son existence : Mathilda.
Interprétée par une Natalie Portman que Besson aura dénichée et révélée par ce rôle, la gamine crève l’écran. Malmenée par une vie de famille délabrée et une scolarité tumultueuse, l’enfant accroche l’attention du tueur d’origine italienne. Un lien indéfectible va progressivement se créer entre eux. Une histoire d’une tendresse bouleversante qui reste imprégnée dans nos souvenirs de longues heures (pour moi ce serait le terme « années » qui conviendrait le mieux) après le visionnage. Deux êtres oubliés, boiteux, détruits trop jeunes par la vie, qui vont s’apporter mutuellement ce qu’ils n’avaient pas ou plus connu jusqu’alors : l’amour. Car Léon est avant tout une histoire intimiste plus qu’un film d’action – même si les trois segments d’action sont un modèle de construction, le dernier offrant un climax incroyable qui vous déchirera le coeur. Elle suit ce tandem extraordinaire dans les rues de New-York, parcourant les couloirs d’immeubles (et leurs toits) pour remplir sa mission et poursuivre l’objectif de Mathilda : apprendre à tuer pour venger la mort de son frère.
Ne révélons rien de plus sur l’intrigue et l’évolution de l’histoire de ces deux personnages embarqués dans une affaire de vengeance et de mafia italo-new-yorkaise. N’oublions pas la talentueuse équipe technique qui y est également pour beaucoup dans la réussite d’une telle œuvre : le directeur de la photographie Thierry Arbogast, le chef-décorateur Dan Weil et la monteuse Sylvie Landra ne sont pas étrangers à la fluidité et la beauté du long-métrage le plus abouti de la carrière de Luc Besson. Les vingt-six minutes supplémentaires offrent une dimension nouvelle à ce classique du cinéma réunissant les meilleurs atouts des polars français et des productions américaines. Une oeuvre mélancolique, tendre et soignée, qui marquera la carrière de ses trois interprètes principaux.
Avec Jean Reno, Natalie Portman, Gary Oldman
Etats-Unis / France – 133 minutes – Drame
Sortie le 14 Septembre 1994
Director’s cut le 26 Juin 1996
Oh non! J’ai vérifié, et je n’ai pas vu la version longue … Tu vas me renier de nouveau? Mais j’ai très envie de la voir, et dès qu’Internet le voudra, ce sera fait 🙂
Nous habitons désormais bien trop loin pour que je te propose un visionnage à domicile. Donc hormis si tu veux venir faire un tour sur la capitale. 😉
Je n’ai pas non plus souvenir d’une version longue. Ca sent l’achat Blu-ray alors que j’avais décidé de raccrocher pour la 15ème fois de l’année. Merci!
Un tres grand souvenir en tous cas même si j’avoue avoir un faible pour le Victor de Nikita bien plus brut de décoffrage que leon.
Je te recommande alors l’achat du BluRay. Il est d’ailleurs dans l’offre FNAC très souvent 😉 La restitution HD est superbe et la version longue indispensable 😉
Ah, tu me donnes envie de le revoir!!! Et la version longue, je sais que mon frère l’a sur une VHS ( une version enregistrée sur Canal plus, et oui, ça date , en tout cas pour lui, c’est une relique sacrée). Et je crois bien qu’ il m’a refilé le virus. Léon est aussi un de mes films indispensables.
Version longue indispensable, pour sûr ! Le transfert HD du Blu-Ray n’est pas parfait, mais c’est le meilleur moyen de redécouvrir cette perle où Besson savait encore faire des films.
Nous sommes d’accord. Quant au transfert HD, je le trouve pourtant assez satisfaisant. Peut-être que tu as raison, je ne l’ai pas encore vu en entier depuis l’achat du BR.
J’adore ce film, mais n’ai pas encore trouvé le courage de le revoir : il m’avait fait pleurer à l’époque !
Ton article donne envie de voir cette nouvelle version director’s cut.
Ce n’est pas à proprement parler une « nouvelle » version car comme je le précise c’était la version souhaitée par le réalisateur et elle était finalement sortie en 1996.
Je l’avais vu à la télévision, mais ne me souviens pas du tout de la version (director’s cut ou non). En tout cas c’est un bon prétexte pour revoir le film !
Sans doute le seul film de Besson que j’apprécie et sans doute le seul film où je supporte Reno. Je n’ai pas vu la version longue, mais ça peut valoir le coup.
A l’occasion oui, je pense que tu ne le regretteras pas 😉
Je suis (à nouveau) conquis aussi… je pensais connaître le film par coeur, mais définitivement, il me faut cette fameuse version longue…
Et si en plus le passage au HD vaut le coup, ben voilà un bon investissement !
Je trouve que ça vaut le coup et le BR est à 15€ à la FNAC. Après je ne considère pas comme un grand expert mais y’a déjà un bon boulot et la HD fait largement la différence sur ce film. On ne dirait pas qu’il a presque vingt ans.
Ralala, qu’est-ce que j’ai pu aimer ce film dans ma jeunesse… Nostalgie quand tu nous tiens ! Rien que cette fin, avec The shape of my heart, me bouleverse à chaque fois 🙂
Oui ce final est juste parfait.
He deals the cards as a meditation
And those he plays never suspect
He doesn’t play for the money he wins
He doesn’t play for respect…
tiens, je savais même pas qu’il y avait un director’s cut… et ça vaut le coup de le revoir alors ? c’est vrai que j’en ai un bon souvenir… tout comme du grand bleu d’ailleurs, mais j’ai tellement peur de gâcher ce bon souvenir en les revoyant… 😉
Je pense que mon article répond à ta question 🙂
[…] qui fut jadis un très bon cinéaste, capable de nous proposer de très bons polars (Léon, Nikita) ou de bons divertissements grand public avec des acteurs bankables (Le Cinquième […]
[…] y a 20 ans, Luc Besson réalisait Léon. Que reste-t-il deux décennies plus tard de l’ambitieux cinéaste devenu cupide producteur ? […]
[…] enthousiasmés par cette première partie nous rappelant les univers de Léon et de Man on Fire. Hélas, le film prend très vite une toute autre direction, celle du […]
[…] Portman dans Léon, le début d’une gigantesque carrière.Source […]