LES FILS DE L’HOMME
Dans un futur proche, les humains ne peuvent plus avoir d’enfants. L’être humain le plus jeune sur Terre meurt. C’est le 16 novembre 2027, et l’on rapporte dans tous les médias à travers le monde le meurtre de celui que l’on appelait « bébé Diego ». Âgé de dix-huit ans, il était la plus jeune personne sur Terre et le dernier enfant né recensé. Theo Faron, un ancien activiste politique devenu employé de bureau, apparaît peu touché par cette nouvelle alors que le monde pleure le jeune homme. Theo est enlevé par les Poissons, un groupe de terroristes mené par son ex-femme Julian Taylor. Celle-ci offre 5 000 £ à Theo en échange d’un laissez-passer pour une jeune réfugiée africaine nommée Kee.
La fin des Hommes.
Le terrorisme, la crise des réfugiés, un monde au bord du chaos. Le sommaire du journal de 20 Heures ? Non : Les Fils de l’homme. Il est troublant de voir à quel point cette dystopie résonne avec l’actualité de 2016. Déjà, lors de sa sortie en 2006, le film était imprégné des préoccupations de l’époque : le scandale des tortures à Abou Ghraib, la psychose du réchauffement climatique, al Qaïda semblaient s’agiter dans l’inconscient de l’arrière-plan.
La sidérante scène d’attentat à Londres sur laquelle s’ouvre le film s’est même heurtée de plein fouet à la réalité, elle a été tournée en 2005 sur Fleet Street, non loin de là où une bombe a explosé un mois et demi plutôt, endeuillant la capitale britannique. Dans la fiction, cet acte terroriste n’est qu’un énième drame s’ajoutant à un flux d’informations catastrophiques : New York et une partie de l’Afrique ont été détruits sous le feu nucléaire, Seattle est en état de siège, les puits de pétroles en Arabie saoudite ont été bombardés… Mais ce qui fait les gros titres le jour où commence le film, c’est la mort de Diego, le plus jeune être humain vivant sur Terre. Il venait d’avoir 18 ans… L’infertilité fait rage, après lui, plus aucune naissance n’a été enregistrée. L’extinction de l’humanité est en marche. Nous sommes en 2027.
Théo, lui, est résigné. Il déambule dans les rues de la capitale britannique déprimée, indifférent à la nouvelle. Métro, boulot, Lexo… Un ronron de plomb jusqu’au sursaut. Ce n’est pas la déflagration qui détruit façon puzzle le café où il a ses habitudes qui l’extirpe de son coma éveillé mais la mission que lui confie son ex-épouse activiste : escorter jusqu’à un lieu sûr une jeune femme. Enceinte. Autrement dit protéger l’espoir, l’empêcher de disparaître. Il a l’avenir du monde dans ses mains. Théo dérive du grec Théodôros, signifiant Dieu.
Le Tout Puissant, derrière la caméra, c’est Alfonso Cuarón. Le réalisateur mexicain sort de Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban et auprès du grand public son nom n’a pas encore été propulsé en orbite par Gravity. Cependant, il marque les esprits avec Les Fils de l’homme, notamment par sa maîtrise des plans séquences. De purs moments de bravoure technique et narrative qui ponctuent le film. Ces mouvements complexes, composant un véritable ballet de caméra, collent au plus près des personnages, notamment dans des scènes de fuites. Les protagonistes sont comme transformés en sujets d’un reportage embedded, emportant au propre comme au figuré les spectateurs.
Les critiques, elles, ne lésinent sur aucun éloge lorsque le film arrive à l’affiche, à l’automne 2006. Pour Le Parisien, c’est un « époustouflant thriller (…) aussi divertissant que profond » et Le Monde assure que « Cuarón remplit son contrat haut la main » tandis que Télérama estime qu’il s’agit du « film d’anticipation que notre époque mérite ».
Le public, lui, le méritait-il ? Malgré son casting trois étoiles – Clive Owen, Julianne Moore, Michael Caine, Chiwetel Ejiofor – Les Fils de l’homme a été boudé en salle. À peine 300.000 entrées en France. A-t-il été mal vendu ? Son contenu était-il jugé trop déprimant ? Les Français lui ont préféré The Queen, de Stephen Frears, qui a débarqué dans les salles obscures le même jour. Une autre vision de l’Angleterre. Qu’importe, c’est en DVD, que l’œuvre a été découverte et qu’elle a peu à peu rejoint la catégorie des classiques. Elle pointe d’ailleurs à la treizième place des cent meilleurs films des années 2000 concocté par la BBC. Les Fils de l’homme appartient à la si convoitée famille des grands films.
La fiche
LES FILS DE L’HOMME
Réalisé par Alfonso Cuaron
Avec Clive Owen, Clare-Hope Ashitey, Julianne Moore, Michael Caine…
Etats-Unis – Thriller, Science-fiction, Drame
Sortie : 18 Octobre 2016
Durée : 110 min
Je n’ai vu ce film que très récemment, et ce fut une très bonne surprise. Une histoire glaçante, qui prend aux tripes et qui résonnent malheureusement avec l’actualité. J’ai beaucoup aimé notamment la scène avec les pleurs du bébé, lorsque que tout s’arrête. C’est impressionnant.
Un film excellent et à voir absolument!