LILY COLLIAS | Interview
Après une apparition dans Palm trees and power lines, récompensé au festival de Deauville, la franco-américaine Lily Collias se révèle dans le premier rôle de Good one, sélectionné à la Quinzaine des cinéastes. Nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec elle, quelques heures après sa présentation au festival de Cannes.
Après avoir présenté le film à Sundance, vous avez présenté le film à Cannes, en France, le pays de votre mère. Qu’est-ce vous avez ressenti ?
Lily Collias : C’est une expérience très différente de Sundance, c’est incroyable et je ne réalise toujours pas. C’était très important pour ma mère, quand le film a été sélectionné, elle s’est mise à pleurer et à appeler toute la famille. J’étais très curieuse de savoir comment le film serait reçu à l’international, dans le sens où il y a beaucoup de subtilité et je ne savais pas ce qui serait perçu par les spectateurs. Et si les sous-titres seraient à la hauteur (elle sourit). Mais l’accueil a été formidable !
La France reste une terre d’accueil pour le cinéma d’hauteur et particulièrement la Quinzaine des cinéastes…
Le public français est tellement respectueux. Je crois que les Américains sont trop impatients, alors c’était très agréable d’obtenir ce niveau de respect et d’appréciation du film.
Comment avez-vous préparé le film avec la réalisatrice India Donaldson ?
C’était très intéressant de la voir mettre en scène. Je pouvais comprendre sa vision du film. C’était une expérience incroyable de découvrir le film, parce que tous les aspects du film apparaissent à l’écran. C’était assez fascinant. India est très intuitive et elle dirige les acteurs de façon très juste. Elle sent quand une scène ne lui parait pas authentique. Entre deux scènes, elle n’hésitait pas à nous proposer d’autres choses pour offrir de nouvelles perspectives. C’était important pour parvenir à cette subtilité.
On sent ce regard, qui ne cherche pas à juger ses personnages…
Elle disait que c’était à nous d’observer ces personnages dans leur vie, sans avoir à les juger. Ce que j’apprécie, c’est qu’il y a toujours de nombreux aspects à prendre en considération dans l’histoire d’un personnage, dans son vécu et ses origines. Cela n’excuse pas leurs mauvais comportements, mais on peut percevoir les raisons…
Le film dissémine quelques éléments sur votre personnage, sans s’y attarder… On devine que Sam a une petite amie, elle va bientôt partir de chez ses parents. Comment vous a-t-elle guidée pour jouer le personnage ?
On a eu beaucoup de temps avant de tourner, cela nous a permis de parler du monde de Sam et de comment on allait le représenter à l’écran. Cela m’a aidée à comprendre le personnage et le nourrir.
Vous aviez une grande responsabilité, celle de porter le film sur vos épaules, entourée d’une distribution essentiellement masculine, et notamment de deux comédiens assez expérimentés (James LeGros et Danny McCarthy). Et votre personnage subit directement le patriarcat, puisqu’elle se retrouve à faire les corvées, pendant que les deux hommes se reposent…
Ils ont été tellement encourageants, particulièrement James qui a été un mentor pour moi à tellement de niveaux. On a appris à se connaitre. C’était l’été avec le lycée, alors c’était une période très particulière pour moi. Et pour mon personnage, je crois que c’est malheureusement assez universel pour toutes les femmes. Ce que j’aime, c’est que c’est montré assez subtilement, mais cela reflète assez bien comment les hommes se comportent autour des femmes. C’est la norme pour eux, ils ne connaissent que ça et ils ne se sentent pas forcément concernés, par ce que ça leur profite.
Est-ce un sujet dont vous parliez avec India Donaldson ?
Nous en avons parlé mais c’était une façon de représenter l’expérience que nous avions eu en tant que jeunes femmes en grandissant.
Du fait de vos origines françaises et de votre maitrise de la langue, seriez-vous tentée par une expérience dans le cinéma français ?
Oui, j’adorerais ! J’aime regarder les films français, ce serait un honneur de travailler avec les cinéastes actuels. J’ai grandi avec les cinéastes francophones. Même s’il n’est pas Français je crois, j’aime beaucoup Lukas Dhont, qui a réalisé Close et que j’ai trouvé bouleversant.
Entretien réalisé à Cannes au mois de mai 2024
© Photos Le Bleu du Miroir