ONLY LOVERS LEFT ALIVE
Dans les villes romantiques et désolées que sont Détroit et Tanger, Adam, un musicien underground, profondément déprimé par la tournure qu’ont prise les activités humaines, retrouve Eve, son amante, une femme endurante et énigmatique. Leur histoire d’amour dure depuis plusieurs siècles, mais leur idylle débauchée est bientôt perturbée par l’arrivée de la petite sœur d’Eve, aussi extravagante qu’incontrôlable. Ces deux êtres en marge, sages mais fragiles, peuvent-ils continuer à survivre dans un monde moderne qui s’effondre autour d’eux ?
Ballade fantastique
Après le très contesté The limits of Control, Jim Jarmusch présentait à Cannes en mai dernier son nouveau long-métrage. À son habitude, le cinéaste américain propose un film très contemplatif avec cette histoire d’amour fantastique entre deux vampires usés par la vie et ces humains qu’Adam appelle « zombies ».
Dans Only lovera left alive, comme dans certaines de ses précédentes oeuvres, la musique joue un rôle central. Innombrables références, fétichisme absolu de l’instrument et ambiance planante où la caméra navigue parfois tel un vinyle sur son tourne-disque (à l’image de cette introduction renversante), tout respire l’amour de la musique jusqu’à l’obsession. Son personnage masculin, le cheveu long et la guitare à la main, ressemble à un alter-égo du réalisateur. Désenchanté, marginal et reclus, Adam (Tom Hiddleston) compose ses morceaux tel un artiste underground désolé par le sort de la planète, progressivement détruite par ces humains infectés jusque dans leur sang. Pendant ce temps, Eve (Tilda Swinton) se prélasse à l’autre bout du monde. Lorsqu’elle sent que son indéfectible et intemporel partenaire se laisse progressivement aller au désespoir, elle décide de le rejoindre à Détroit pour passer du temps en sa compagnie et lui redonner du baume au coeur. Mais leur répit amoureux ne sera que de courte durée avec l’irruption de la soeur d’Eve (campée par Mia Wasikowska, vue récemment dans l’excellent Stoker).
Only lovers left alive risque de désarçonner et perdre de nombreux spectateurs en route. Accumulant autant les clins d’oeil et les références culturelles que les séquences contemplatives – jusqu’à parfois donner une dommageable impression d’étalage très suffisant – le film assume son faux-rythme et agit comme un charme fantastique pour nous raconter la ballade romantique de ses deux êtres désabusés. La musique de Jarmusch opère comme un envoûtement entre psychédélisme et fascination – comme pourraient le faire les vampires avec leur regard – alors que la sublime photographie, les décors ainsi que l’indissociable bande-son renforcent l’immersion dans cet univers glam-rock languissant.
Romance désenchantée mais enchanteresse, Only lovera left alive privilégie majoritairement l’ambiance au récit. Portée par deux comédiens diablement cinégéniques, le long-métrage s’affirme comme une oeuvre éminemment élégante et mélancolique dont le charme opère tel un envoûtement malgré son manque de rythme (qui en découragera plus d’un). Une enivrante pépite nostalgique, à découvrir en salles dès le 19 février.
ONLY LOVERS LEFT ALIVE
Réalisé par Jim Jarmusch
Avec Tilda Switon, Tom Hiddleston, Mia Wasikowska, John Hurt, Anton Yelchin
France, G-B, Allemagne – Romance, Drame
19 février 2014
Durée : 123 min
[…] « Une oeuvre éminemment élégante et mélancolique. […]
Alléluia !!! 😉
J’approuve totalement le film, mais aussi et surtout la critique 🙂
Il etait dans mon top 10 2013, film envoutant en effet ! J’avais pris un peu de temps a rentrer dans l’ambiance, mais une fois dedans son cote excentrique et raffine m’avait beaucoup plu.
Il me tente bien. Jim Jarmusch est un réalisateur qui fait un travail très personnel. On n’en compte plus beaucoup…
Rien à redire, j’approuve ce billet. Et c’est vrai que ce début est assez renversant 🙂
Très beau film en effet. C’est sûr que ces vampires là sont plus énigmatiques que ceux de Twilight (mais pas moins romantiques) mais ils sont tellement plus intéressants à regarder !)
J’ai détesté ce film et pourtant j’aime bien certains films de Jarmusch. J’étais à deux doigts de sortir de la salle et de m’endormir aussi. Je trouve que Jarmusch abuse de références jusqu’à l’overdose et au ridicule. Et surtout il ne se passe pas grand chose (y a un peu l’arrivée de la soeur mais c’est assez bref et pas hyper palpitant je trouve)
Je ne peux qu’être d’accord, tu t’en doutes 🙂
Effectivement, même si j’ai été plus synthétique 😀
C’est mon défaut, de ne pas savoir quand m’arrêter 🙂
oui…mais avec Jim il faut s’attendre à tout ou rien; cette fois ci oki douki (mais rien ne m’empêchera de dire qu’il a copiée LES PREDATEURS de Tony Scott 1983 ou DRACULA de FF Coppola pour leur esthétisme)
[…] un Détroit abandonné dont l’immensité désertique renvoie inévitablement à Only lovers left alive sorti l’an dernier, ses protagonistes tentent de survivre entre réalité, rêve et oubli. […]