Pedro Almodóvar, figure de proue de la 70e édition du Festival de Cannes
Le premier jet de la 70e édition du Festival de Cannes est lancé, par le biais de l’annonce de son président : Pedro Almodóvar. Le cinéaste espagnol a répondu à cette invitation pour laquelle il a témoigné l’immense responsabilité qui pesait sur ses épaules et l’effort qu’il allait employer pour honorer cette tâche.
Enfant cannois
Pedro Almodóvar est quasiment né à Cannes, en présentant au cours de sa carrière six films sur les vingt qui composent son œuvre. Le festival a toujours fait confiance à cet artiste espagnol, puisqu’en plus des diverses sélections cannoises, Pedro Almodóvar a été membre du jury en 1992 alors qu’il ne disposait pas de l’aura et de l’impact international dont il jouit aujourd’hui.
Malgré cette forte présence à Cannes, Almodóvar n’a remporté qu’un prix de la mise en scène en 1999 pour Tout sur ma mère : il fait partie de ces cinéastes, parmi lesquels préfigurent Ingmar Bergman et James Gray, qui sont systématiquement repartis bredouilles après leur venue à Cannes. Élégant et délicat, le Festival convie en réponse de cet insuccès l’artiste espagnol, après que celui-ci ait achevé en 2016 son vingtième film Julieta.
Pedro, quel genre de président ?
Pedro Almodóvar est un cinéaste dont le style excentrique se remarque aisément. Malgré cela, difficile de noter ce que le président espagnol chérira dans son jugement. En effet, deux choses entrent en jeu : d’une part le style visuel auquel il se révèle particulièrement sensible, d’autre part son engagement politique qui affectera son palmarès final.
Avant que le nom de Pedro Almodóvar ne soit révélé, quelques films prédominaient lorsqu’il s’agissait d’établir des prédictions : le remake du film Les Proies par Sofia Coppola, Molly’s game d’Aaron Sorkin, le longuement attendu Song to Song de Terrence Malick (bien que daté pour mi-mars aux Etats-Unis), Le Redoutable de Michel Hazanavicius, Downsizing d’Alexander Payne, Les fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin (un habitué) ou encore le dernier film du Coréen Bong Joon-Ho, Okja.
Autant de films que de choix variés pour ériger un palmarès à l’image du cinéaste espagnol. On peut espérer de ce dernier qu’il loue l’originalité de films comme Okja ou encore Les fantômes d’Ismaël, qu’il célèbre le caractère toujours actuel de films comme Le Redoutable ou Les Proies, ou encore qu’il soit ému et fasciné par la virtuosité de Terrence Malick et de Yorgos Lanthimos (The killing of a sacred deer) que l’on espère également retenu. Enfin, un film faisant la part belle aux femmes, Euphoria, trouvera une place légitime dans une sélection présidée par un artiste les ayant si souvent sublimées à l’écran. C’est donc la combinaison d’un style défini et d’une personnalité hétéroclite qui bouleverse les prédictions et attise les attentes de cette 70ème édition du Festival de Cannes.