Pirates des Caraïbes 5 | L’art de creuser un trou sans fond
Ce qui constitue un rêve de producteur peut rapidement tourner à la rengaine lasse chez le spectateur. Incroyable mais vrai, la série des Pirates des Caraïbes s’agrémente d’un cinquième opus et s’annonce en grande pompe sur les médias et les réseaux sociaux. Mais dans quelle énième quête de trésor imaginaire Depp, Bloom et Bardem s’embarquent-ils encore ?
Papa, papa, on y retourne ?
Plus besoin de refaire l’histoire. L’anecdote de la série des Pirates des Caraïbes, créée pour vendre l’attraction de Disney, a assez fait le tour des fils d’actualité. Pour autant, avec le cinquième volet de la série initié par Gore Verbinski, difficile d’éviter l’analogie monstrueuse entre la saga et le tour de manège. Depuis maintenant trois épisodes, on regarde Pirates des Caraïbes comme on emmène les gosses braver les files d’attentes interminables de Disneyland. On en connaît par cœur le chemin, les décors en toc, les personnages pas moins factices et la petite cascade en guise de sueur froide bon marché. Sauf qu’après 13 ans d’exploitation, on n’esquisse même plus un sourire – même circonstanciel – au moment où le flash se déclenche. Plus question d’aller chercher et encore moins payer la photo en fin d’attraction. Une seule question subsiste. Que diable pourrait donc nous pousser à aller voir Pirates des Caraïbes en salle ?
Ça va Bardem
Internet, prompt à détecter un blockbuster à gros budget, sort l’artillerie laudative. “Angoissant”, “événement”, “intrigant”. Certains osent même un “surprise”. La dissection vive de la bande-annonce, sortie début octobre, ne révèle pas grand chose. Quelques fibres musculaires du divertissement sombre-mais-grand-public et un nerf central composé d’anciennes et de nouvelles têtes. Grimé comme jamais, Javier Bardem endosse le rôle du méchant Salazar, qui a visiblement très, très envie de se venger – on n’invente rien, c’est dans le titre français. Impossible de crier au génie sur 45 secondes d’une unique prestation destinée avant tout à bien faire comprendre que le type blafard et défiguré sera bien le nouveau prétendant à chercher des noises au capitaine Jack Sparrow. Johnny Depp est évidemment absent de la bande-annonce, la saga prenant soin d’éviter de le pousser trop vite sous le feu des projecteurs. On fait rapidement le tour d’un personnage créé pour faire patienter les gamins pendant qu’ils font la queue. Sparrow revient pourtant à la barre d’un rafiot de fortune, le Dying Gull, à la pourchasse du trident de Poséidon. La relique assure domination sur les océans pour quiconque le possède.
Dis moi quelque chose que je ne sais pas
Après 5 épisodes, on se doit de se renouveler. Au moins, d’opérer un minimum de turn-over niveau casting. Au revoir Keira Knightley. Orlando Bloom, quant à lui, verra son rôle certainement réduit au minimum syndical. Pirates des Caraïbes : la vengeance de Salazar veut se concentrer sur les aventures du fils du personnage de Will Turner, Henry. Au tour du jeune Brenton Thwaites de faire fondre ces adolescentes. Révélé par The Mirror, The Signal et l’efficace Son Of A Gun, le garçon s’est toutefois planté dans le choix de ses grosses productions. Difficile d’élever The Giver et Gods Of Egypt en tant que divertissements de la décennie. Contrebalaçant le relatif anonymat de Thwaites chez le grand public, Disney et Jerry Bruckheimer promettent de quoi faire couler le gossip chez les pure-players. Bonjour Sir Paul McCartney, en caméo qu’on imagine aisément surfait et surjoué. Côté réalisation, on retrouve le duo norvégien Joachim Rønning et Espen Sandberg, qui rattrapent leur Bandidas de 2006 par la création de la série Marco Polo sur Netflix. Il n’empêche : à trouver éternellement le même trésor, on finit par en observer chaque fois un peu plus son aspect factice.
Pirates des Caraïbes : la vengeance de Salazar sort en salles courant 2017.