SHAME
Brandon est un trentenaire new-yorkais, vivant seul et travaillant beaucoup. Son quotidien est dévoré par une seule obsession : le sexe. Quand sa soeur Sissy, chanteuse un peu paumée, arrive sans prévenir à New-York pour s’installer dans son appartement, Brandon aura de plus en plus de mal à dissimuler sa vraie vie.
La « patte » de McQueen est reconnaissable dès les premiers instants : mise en scène un peu figée, rythme lent, photo et couleurs assez froides et un Michael Fassbender filmé sous toutes les coutures. Rien de surprenant à ce niveau. Ce qui était un gros handicap à son film précédent (Hunger) devient ici presque un atout.
On découvre progressivement la vacuité de l’existence de Brandon (Fassbender), qui semble seul et impassible dans l’immensité de New-York. Son luxueux et spacieux appartement manque de vie, de présence. Pour tuer l’ennui et probablement se sentir vivant, il accumule les coups d’un soir et les plaisirs onanistes, voit défiler les prostituées et stocke chez lui une quantité de pornos assez vertigineuse. Shame. Cet homme-là ne sait comment exister.
L’arrivée de sa soeur, devenue sdf depuis qu’elle s’est fait plaquée comme une mal-propre, va être l’évènement perturbateur et l’élément catalyseur d’une réalité qu’il renie de tout son corps. McQueen filme sans détour l’addiction de son personnage, campé par un Michael Fassbender ahurissant de justesse, secondé par une Carey Mulligan décidément dans tous les bons coups cinématographiques cette année. On sentira derrière l’impassibilité de Brandon une colère refoulée immense, une solitude déchirante et un rejet maladif d’une soeur paumée et auto-destructrice. Alors que cette dernière tentera désespérément de reconstruire leur lien fraternel et de s’aider en l’aidant, celui-ci ne se renfermera que davantage dans ses déviances compulsives.
Si cette exploration de l’isolement et de la dépendance souffre parfois de sa mise en scène trop statique, elle offre à Michael Fassbender un rôle extraordinaire dans lequel on sent le comédien terriblement investi corps et âme. Il est d’ailleurs fort probable qu’il figure parmi les nominés aux prochains Oscars au côté d’un certain Ryan Gosling, tant ces deux acteurs ont livré les performances les plus emblématiques cette année.
Introspectif et contemplatif, malsain et lancinant, Shame est le portrait intense et glaçant d’un homme seul face à ses blessures et ses vices, porté par un Michael Fassbender magistral.
STEVE McQUEEN | USA-UK | 99 MIN | 7 DÉCEMBRE 2011 | MICHAEL FASSBENDER, CAREY MULLIGAN |
Aaaahh tu l’as vu finalement ! 🙂 Totalement d’accord avec ta critique, très bien écrite par ailleurs.
Un peu déçu pour ma part, je m’attendais à quelque chose de plus prenant, de plus fort. La tension du début retombe trop souvent malgré la belle mise en scène de McQueen, le sujet traité (mais vu en mieux ailleurs, je pense à Crash par exemple) et le jeu habité de Fassbender. Contrairement à toi, j’ai préféré Hunger.
Tu l’as déjà vu !!!!! Quelle chance !!! Je mise beaucoup sur lui, ta critique me conforte dans mon intuition. Je te tiendrais au courant de mes impressions.
J’étais déjà impatient … Tout ce que je lis sur internet n’est pas pour m’aider! 🙂
Il a intérêt d’être à la hauteur, rien vu d’exceptionnel depuis Drive…
Bouh que j’ai envie de le voir. J’attends sa sortie en salles pour revenir sur ton article mais ta note me plaît bien.
Bonjour Wilyrah, petit veinard d’avoir vu ce film en avant-première. Quant à moi, j’ai hâte. Ton billet donne vraiment envie. Bonne journée.
Totalement d’accord avec cette belle critique. A part ça, le sujet en lui-même n’est pas tellement fouillé. Pur exercice de style mais grand moment.
Bonjour Wilyrah, je l’ai vu, j’ai beaucoup aimé, Fassbinder va devenir une star si ça continue. Un grand film mais pas pour tout public. Bonne fin d’après-midi.
Ayé je l’ai vu aussi. Un très bon film, je suis d’accord. La mise en scène froide renforce le malaise et les interprétations de Fassbender et de Mulligan sont très bonnes.
Les critiques que tu fais à « Hunger » (que je n’ai malheureusement pas vu) sont celles que je ferais à « Shame », et qui font que je n’ai pas été emballé comme la quasi totalité de la critique, même si je ne renie pas les évidentes qualités du film, notamment sa mise en scène, que je n’ai pas du tout trouvée « trop statique ».
[…] [exclu] SHAME […]
Magistral!
Pas un film parfait (les personnages sont denses mais en même temps, ils offrent peu de point d’attache avec le spectateur) mais quelle émotion véhiculée avec peu de choses. Je retiendrais surtout Carrey M. chantant et un Fassbender déchirant sur la fin.
Je suis dégouté de l’avoir loupé en salle alors parce qu’Hungers, je n’avais pas aimé et beaucoup de critiques de mon entourage était négatif, j’aurais du suivre mon instinct et y aller.
[…] des déceptions. Aucun film ne se distingue véritablement, comme l’an passé avec Drive ou Shame. 2012 est une année molle, 2012 est l’année du […]
[…] le remarquable Shame, qui fut l’un des films majeurs de l’année 2011, Steve McQueen a choisi de se pencher […]