SNOWPIERCER – POUR / CONTRE
2031. UNE NOUVELLE ÈRE GLACIAIRE. LES DERNIERS SURVIVANTS ONT PRIS PLACE À BORD DU SNOWPIERCER, UN TRAIN GIGANTESQUE CONDAMNÉ À TOURNER AUTOUR DE LA TERRE SANS JAMAIS S’ARRÊTER. DANS CE MICROCOSME FUTURISTE DE MÉTAL FENDANT LA GLACE S’EST RECRÉÉE UNE HIÉRARCHIE DES CLASSES CONTRE LAQUELLE UNE POIGNÉE D’HOMMES ENTRAÎNÉS PAR L’UN D’EUX TENTE DE LUTTER.
Terminus, personne ne descend ! Ou presque.
POUR. Adaptation de la BD éponyme de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette, ce long-métrage est une véritable réussite. Malgré les remaniements scénaristiques, le film conserve l’esprit de cette œuvre de SF post-apocalyptique, transposant à l’écran ses thèmes forts. À l’instar de ces derniers survivants de l’humanité, le spectateur est embarqué dans le train pendant deux heures sans jamais en descendre. On découvre ce monde à travers les yeux de Curtis Everett, parfaitement interprété par un Chris Evans au sommet de son art, leader charismatique de ce soulèvement de la classe inférieure. Avec lui, nous allons parcourir le Transperceneige de bout en bout, découvrant l’absurdité de cette société et l’injustice flagrante des différences entre les classes. L’évolution dans le train est totalement déconcertante et reflète l’ambiance dramatique et absurde du film. On part de la crasse humaine pour arriver dans le luxe, en passant par un wagon-aquarium ou une classe d’école plutôt inquiétante. Les personnages sont tout aussi divers et variés que l’environnement. On y découvre John Hurt en vieux mentor infirme, Jamie Bell en tête brulée, Tilda Swinton méconnaissable en politicienne drôlement cruelle ou Ed Harris, incarnant parfaitement le riche rationnel, mégalo et détestable. Aux côtés de ce gros casting anglo-saxon, on retrouve l’excellent acteur coréen Song Kang-Ho (Le Bon, la Brute et le Cinglé, Thirst, ceci est mon sang) en drogué « crocheteur » de portes. Tout ce beau monde est admirablement mis en scène par le réalisateur coréen Bong Joon Ho. Pour sa première réalisation en langue anglaise, le réalisateur de The Host a brillamment confirmé son talent. Chaque scène, chaque personnage est mis en valeur sans jamais trahir les enjeux de l’histoire. Il rend possible l’enfermement dépaysant de ce monde de métal sans jamais nous faire suffoquer et relève le défi de l’adaptation avec brio. – Tom Left.
CONTRE. Snowpiercer est un exploit. Parce qu’il use et abuse autant de dialogues peu inspirés que de ralentis lassants à l’amorce des scènes de combats, parce qu’il s’offre une pléiade d’acteurs (seconds rôles) qui cabotinent tous autant les uns que les autres, parce qu’il va même jusqu’à attribuer le rôle principal du leader à un rustre capitaine américain atteignant le degré zéro du charisme et de la crédibilité, parce que ses effets spéciaux semblent tout droit sortis d’une cinématique Playstation 2, parce que son second degré incertain déstabilise trop régulièrement la crédibilité d’un propos ambigu et d’une intrigue riche en incohérences, cette adaptation de la BD française Le Transperneige réussit l’exploit de rater tout ce qu’elle entreprend dans un résultat aussi médiocre que navrant. Alors oui, ce brave Song Kang-Ho fait ce qu’il peut pour maintenir le spectateur éveillé par sa présence magnétique. Malheureusement, un acteur dans le ton juste n’est pas une réussite suffisante pour faire oublier un tel ratage et surtout ce défilé de personnages et de wagons aussi grotesques que ratés. Snowpiecer est aussi idiot que ça : les pauvres sont crasseux, mais beaux et gentils (hormis notre héros torturé sous son bonnet) tandis que les riches sont moches, bêtes et méchants (hormis notre bad-guy bienfaiteur, sorte de T.S. Spivet qui aurait atteint son but). Son propos, grandiloquent et misanthrope, cherche à questionner mais déclenche davantage le sourire que la réflexion. Que dire enfin de cette dernière demie-heure interminable où Néo rencontre enfin l’architecte (après une clope-introspection consternante : « babies taste thé best« ) avant que les deux minorités rescapées ne sortent enfin du train pour croiser cet ours polaire certainement envoyé par Coca Cola pour le placement publicitaire écolo le plus pernicieux de la décennie ? Que dire de la morale que semble défendre le film (ferme-la donc et mange ta gelée d’insectes, c’est pour ton bien) ? Rien, en fait, à part peut-être que tout cet environnement glacial donne sacrément envie de découvrir la suite de Game of Thrones. – тном ряи.
La ficheSNOWPIERCER – LE TRANSPERCENEIGE
Réalisé par Bong Joon Ho
Avec Chris Evans, Song Kang Ho
Corée du Sud – Action, SF
30 octobre 2013
Durée : 125 min
Non non non non, vous ne pouvez pas dire ça cher Tom, c’est le plus mauvais film que j’ai vu depuis Les Bronzés 3.
Philosophiquement, ce film est à la lutte des classes ce que Marc Lévy est à la recherche du temps perdu. Je ne sais pas s’il a été adapté par un capitaliste forcené qui se venge de Marx et Engels tout en nous incitant à prendre l’assurance annulation sur nos prochains billets de train, ou bien par un fan de George clooney qui voulait rendre hommage au vide absolu de Gravity (excellent film pour peu qu’on ait pas le vertige), mais en tout cas y a un truc.
Au niveau du train en lui-même, chaque wagon est une nouvelle pièce dans la visite guidée d’un catalogue Ikéa, avec les personnages témoins et tout. Ce manque d’originalité total suscitera presque un élan d’admiration chez les fans de Pierre Soulage
Enfin, mention spéciale au effet spéciaux avec félicitation du jury pour l’enfant de 8 ans qui a fait les dessins, notamment l’intérieur de la machine à faire la bouffe pour pauvre.
Bref, un film qu’il est vraiment nul en tout point.
C’est chiant au début et la fin est ridicule…Un peu déçu…
Rahlala!
Pour commencer… Depuis les Bronzés 3, il y a eu une bonne dizaine de GROSSES DAUBES (Les Chtis… pour commencer), mais là n’est pas la question.
Il ne faut pas oublier que l’œuvre d’origine est une critique de l’Amérique des années 70. Cela n’a rien de réac ou gauchiste. Ce n’est qu’une vision extrême de la société dans une situation chaotique.
Et bon… tu vas passer ta vie dans un train, t’es riche… tu fais une belle déco! Il faut vraiment comprendre que tout cela est fait pour marquer la différence entre l’atmosphère noire et crasseuse du fond du train et le luxe et l’opulence de l’avant. Les décors servent aussi à dépayser le spectateur au même titre que les protagonistes de la révolution.
Quant aux effets spéciaux… je t’accorde que le plan de l’intérieur de la machine de bouffe est moche… mais le reste est quand même bien réussi.
Malheureusement, les gouts ne sont pas les mêmes pour tous. J’espère que tu n’y es pas allé par ma faute :/
Le film marche sur l’énergie, sur des confrontations d’archétypes, sur la volonté de ceux de la queue de se révolter encore, même si ça n’a plus de sens. Que le monsieur ci-dessus se la joue « trop provoc » à base d’oxymores est une chose, qu’il n’ait pas perçu la dimension graphique de l’œuvre en est une autre. Ce film est un mouvement, une fureur en marche, un cri continu. Il est physique et primitif, ni doctrinal, ni donneur de leçons. On appelle ça du cinéma.
Je t’avoue que j’ai vraiment peur de m’ennuyer, je n’avais pas du tout apprécié The Host. Et la présence d’une certaine actrice est mauvais signe… Mais je tenterai demain soir sûrement.
Tu le défends bien ! Je ne peux malheureusement pas encore prendre parti. J’attends de le voir, peut être ce week-end. J’avoue ne pas partir avec un grand enthousiasme mais pourquoi pas une bonne surprise 🙂
C’est tout à fait ça! Ça fait plaisir de voir quelqu’un de positif! Je commençais à me sentir seul…
Tilda est juste géniale ! C’est la meilleure du casting !
Je crains que tu ne te sentes seul lorsque tu voudras évoquer ce film avec ton entourage d’amis implantés dans la région parisienne (si tu vois à peu près de qui je veux parler).
Je ne peux que m’opposer à cette affirmation. C’est une cata. Le seul qui s’en sort avec honneur est Song Kang-Ho.
Je suis désolé Tom mais je dois avouer que Douglas marque quelques points.
Tu ne peux pas nous laisser croire que ce que tu aurais retenu du film, ce qui serait sa morale, soit ça : « ferme-la donc et mange ta gelée d’insectes, c’est pour ton bien ». On te sait trop intelligent pour t’abaisser à telle mauvaise foi. C’est très malhonnête d’écrire ça, parce que quiconque, même n’aimant pas le film, sait qu’il ne s’agit pas de ça.
Cher Pierre,
Non, c’est même pire. Je préfère le tourner en dérision plutôt que d’analyser le propos. Franchement Pierre, c’est quoi la thèse du film ? La régulation de la population par le détournement du regard volontaire face aux épidémies qui touchent les populations défavorisées (le sida en Afrique, la faim et les décisions arbitrales dans le wagon de queue) ? Ou tu parles de la théorie fumeuse du chef sur l’écosystème, l’équilibre, l’acceptation de l’autorité qui utilise le peuple en se servant même de ses révolutions pour asseoir sa légitimité ? Parles-tu peut être sinon de ce dénouement où deux gamins se retrouvent seuls survivants au milieu de la neige, sans nourriture : que veux nous faire comprendre le réalisateur ? Qu’ils vont repeupler la planète de façon plus saine (sans vivres ni refuge) ou bien que la révolte était vaine et qu’elle confirme la tendance de l’homme à l’autodestruction (puisqu’au final, le train est détruit et qu’aussi inégal était-il, « il était le seul refuge viable et acceptable ») ? Souhaitait-il sinon simplement la destruction de l’humanité pour un retour à la genèse ?
Non plus sérieusement, je crois que j’ai bien fait d’opter pour la mauvaise foi et la dérision car plus j’y pense sérieusement, plus je trouve le propos du film très bancal voire extrêmement douteux, plus j’ai envie d’être virulent à son sujet. Tu as aimé le film, c’est ton droit et je ne te le conteste pas. Tu y as trouvé du sens, c’est aussi ton droit et c’est sûrement que tu es un homme plutôt brillant (c’est sincère, tu fais même partie de ceux dont l’avis m’a donné envie de le voir) et que tu as encore vu des choses formidables dans un film qui se veut plus intelligent qu’il ne l’est parce que tu combles les trous béants d’un film lisse.
J’ai choisi d’aller droit au but et de ne pas m’étendre sur la stupidité de ce film et sur ces nombreuses incohérences (parce que je n’en avais ni la place ni le temps) mais soit : si l’on observe un tant soit peu ce que l’on voit lors de leur remontée fantastique, on sera étonné de ne voir qu’une dizaine de couchettes pour loger tous les riches (et les soldats) alors que quelques wagons sont consacrés à une discothèque, à un aquarium-sushi (qui ne sert que deux fois par an), à une salle de classe (qui est continuellement traversée par des gardes armées jusqu’aux dents), à une pièce d’agriculture et à une chambre froide pour stocker la viande (elle aussi traversée par des soldats et donc régulièrement souillée). Il n’y a rien d’autre là qu’une énorme incohérence qui fait de ce voyage une virée gadget proche du parc d’attraction touristique ou de la visite d’un train-vitrine au parc des expos avec des comédiens engagés pour jouer leur rôle artificiel. Et je n’en cite qu’une. Je ne reviendrai même pas sur l’imagerie toc de la misère, le pitch de départ tiré par les cheveux ou même le twist final. Et qu’on ne me sorte pas l’excuse du petit budget.
J’aurais aimé avoir un bloc-note tant pour tromper l’ennui que pour noter toutes les invraisemblances du film, les dialogues et les scènes ratés, et les nombreuses boutades que le film inspire.
Peut être pour toi, mais pour moi vous êtes vraiment passé à côté du film
C’est de la provoc ? Tu le fais exprès ?
Je viens également en renfort pour soutenir Tom. Je pense qu’il faut surtout voir « Snowpiercer » comme un film fun, avec une très bonne réalisation, qui offre quelques scènes franchement jouissives.
Oui il y a des incohérences mais c’est surtout pour moi preuve que le film ne cherche pas à être pris au sérieux (parce qu’elles sont tellement grosses qu’il était impossible de ne pas passer à côté lors de la conception du film).
De ce fait, le film ne se veut pas une disserte très fouillée sur les thèmes abordés, la réflexion étant clairement très sommaire. Après je ne suis pas d’accord sur le fait que la morale soit celle véhiculée par le chef du train, sinon le film ne s’achèverait justement pas la destruction de son système. Mais bon, je le redis ce n’est pas là pour moi l’enjeu réel du film.
Si tu veux faire un film qui relève simplement de l’entertainment, tu ne conclues pas ton film par cette dernière demie-heure avec la révélation (qui tombe à plat) et le face-à-face grandiloquent avec le big boss.
Si effectivement tu veux que ton film ressemble à un jeu vidéo avec des niveaux à franchir pour arriver au big boss, alors contente-toi de faire un film fun sans propos politique ou pseudo réflexion métaphysique.
Je n’ai pas lu la BD, mais le propos de fond devait y être, du coup il est forcément présent dans l’adaptation.
Ensuite, la fin est la moins bonne partie du film, ne serait-ce parce que le blabla coup le rythme, et puis effectivement parce que ça fait un peu pompeux. Mais bon, on voit tellement de films totalement vides, pour une fois il y a une tentative de fond, même si le sujet est trop complexe pour être bien abordé. Et puis tout le reste du scénar est plutôt bien écrit.
Si un sujet est trop complexe pour être abordé de façon correcte, mieux vaut ne pas l’aborder de façon aussi superficielle et sans aucune cohérence…
J’étais enthousiaste à l’idée d’aller voir ce film. Un réalisateur coréen (même si loin d’être mon préféré), un acteur que j’aime (Song Kang-Oh) et un synopsis qui, dans l’idée, me plaisait bien. Je ne m’attendais pas à autre chose qu’un film d’anticipation avec des fils quelques peu grossiers.
Et j’ai tout de même été déçue. Chris Evans avec un jeu aussi profond qu’une chaussette, des effets spéciaux faits à la va-vite, des personnages secondaires qui apparaissent soudainement sans servir à grand chose ni incarner quoi que ce soit. Je pensais que les scènes de combats me raviraient, et même pas. Et toujours le même problème qui était déjà présent dans The Host, l’humour qui ne trouve pas sa place.
Tout est traité par dessus la jambe, et c’est bien dommage.
Je crois qu’au final, j’ai bien aimé l’utilisation de la musique une ou deux fois. Et Song Kang-Oh. Et les jolis décors, car j’aime les jolis décors.
Voilà.
(et désolée pour les fautes d’orthographe, j’ai regardé Man Of Steel il y a peu, mon cerveau a donc perdu la capacité de réfléchir ainsi que celle de prendre du recul)
Gravity excellent film… la blague!
C’est très mauvais, comme le dis très bien Wilyrah. Je suis donc contre, très contre : http://www.christoblog.net/article-snowpiercer-le-transperceneige-121049244.html
Dans mes bras Chris ! Enfin un blogueur faisant preuve de bon sens 🙂
Oui, tout est fait à la va-vite et sans conviction. C’est tout de même le comble pour un projet de si longue durée. Comme tu le dis si bien, si le sujet était trop complexe ou si les moyens ne permettaient pas d’en faire un film cohérent et intelligent, autant ne pas le faire. Ou le faire, en ne cherchant pas à taper plus haut (version polie d’une expression grossière sur la prétention).
Je trouve que la blague serait surtout de dire que Snowpiercer en est un !
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[…] Snowpiercer, le nouveau film de Bong Joon-ho, produit par Park Chan-wook, est l’adaptation de la bande dessinée culte de Jacques Lob, Benjamin Legrand et Jean-Marc Rochette « le Transperceneige », avec Chris Evans, Tilda Swinton, John Hurt, Jamie Bell, Ed Harris et Song Kang-ho. À l’occasion de la sortie du film en DVD/Bluray, LE BLEU DU MIROIR et Wild Side Vidéo sont heureux de mettre en jeu 3 DVD du film. Pour gagner, il vous suffit d’envoyer vos coordonnées avant le 18 Avril 2014 avec la bonne réponse. C’est un tirage au sort qui désignera les gagnants parmi les candidats ayant répondu correctement à la question et ayant justifié de leur motivation par quelques mots sur le film. Devenez fans sur Facebook, suivez-nous sur Twitter ou partagez ce jeu sur les réseaux sociaux et doublez vos chances de gagner. […]
[…] une BD à l’écran n’est pas toujours chose aisée. Le transperceneige avait été massacré de l’autre côté de la planète, tandis que de nombreux classiques […]