SPECTRE
Un message cryptique venu tout droit de son passé pousse Bond à enquêter sur une sinistre organisation. Alors que M affronte une tempête politique pour que les services secrets puissent continuer à opérer, Bond s’échine à révéler la terrible vérité derrière… le Spectre.
Bond ou mauvais ?
Après un Skyfall acclamé, et considéré par une frange de fans comme le meilleur opus de la saga, Sam Mendes enchaîne avec un second Bond, presque par la force des choses après le carton réalisé par son premier… Le teaser promettait un épisode racé et sombre, déclenchant inévitablement les plus folles attentes. Que Spectre ne satisfait toujours.
Après une scène d’exposition très réussie, mêlant filature en plan-séquence, bain de foule, combat aérien et explosion de béton, le film tente de poser les bases d’une intrigue brouillonne qui ne décollera jamais vraiment. La première heure demeure pourtant assez plaisante. Sans génie, mais sans ennui. Difficile d’en dire autant de la suite tellement le scénario semble patiner, peinant à faire de l’organisation Spectre une inquiétante épée de Damoclès.
En bon metteur en scène, Sam Mendes offre bien quelques séduisants morceaux de bravoure, mais celui-ci ne retrouve jamais la force de son précédent volet qu’il cherche perpétuellement à égaler ou surclasser. Une ambition manifeste qui lui a visiblement donné du fil à retordre (le cinéaste ayant même bouclé son long-métrage seulement 4 jours avant sa présentation à la presse !) mais qu’il était nécessaire d’avoir pour donner une suite audacieuse à Skyfall.
Mais, dans cette atmosphère funeste où ressurgissent les fantômes du passé, ce Bond semble bien trop regarder dans le rétroviseur, perpétuant une touche old-school dommageable. Spectre se défend tant bien que mal malgré une dramaturgie faiblarde – ce n’est pourtant pas faute d’essayer mais la mayonnaise ne prend que par intermittences – tandis que le couple formé avec Léa Seydoux ne convainc pas, Madeleine Swann n’apparaissant que comme une pâle copie de la Vesper Lynd incarnée par Eva Green. Ce reproche ne sera toutefois pas à attribuer à l’actrice française (celle-ci ne démérite pas), mais bien au trio de scénaristes ayant vainement tenté de donner chair à son personnage et à cette romance sans alchimie. L’antagoniste principal de l’espion, campé par un Christoph Waltz fidèle à lui-même (ses fans adoreront, ses détracteurs retrouveront ce même cabotinage faisant sa marque de fabrique), reste longtemps dans l’ombre avant de se révéler dans un mic-mac historique relativement énigmatique qui ne manquera pas de susciter un certain scepticisme. Au final, la « pieuvre » se révèle rarement vraiment menaçante.
On devinait, entre deux confidences, que Sam Mendes et Daniel Craig avaient trouvé le tournage de Spectre plutôt éprouvant. Cela se ressent parfois à l’écran, même si les deux artistes ne semblent pas avoir compté leurs efforts pour signer des adieux honorables. À l’aube d’un probable changement de comédien, Craig afficherait alors un bilan contrasté. Après avoir offert une cure de jouvence bienvenue à son personnage, sous la direction d’un Martin Campbell, et porté la saga au sommet avec Casino Royale, le charismatique anglais aura alterné le bon et le moins bon, malgré des performances toujours irréprochables.
Forcément très attendu, ce Spectre-là ne pouvait qu’être passé aux rayons X, avec une barre d’exigence élevée du fait de son illustre aîné et de la reconduction de Mendes aux manettes. S’il n’est certes pas de la trempe de Casino Royale, s’il n’a pas non plus l’élégance de Skyfall, il reste résolument bien plus recommandable que le très bancal Quantum of Solace. Le public, lui, s’il pourrait en ressortir un brin déçu, devrait néanmoins y trouver son compte.
La fiche
SPECTRE
Réalisé par Sam Mendes
Avec Daniel Craig, Christoph Waltz, Monica Bellucci, Léa Seydoux, Ralph Fiennes, Ben Whishaw…
Etats-Unis – Action, Thriller, Espionnage
Sortie : 11 Novembre 2015
Durée : 150 min
Juste pour info….Craig a signé pour 2 films après Skyfall .Toutes les phrases déplaisantes sur le tournage,le personnage ( » je préférais me casser un bras plutôt que jouer à nouveau Bond ») ou la promotion (« faire la promo ,c’est mourir à l’intérieur « ) ,c’est juste pour renégocier son salaire à la hausse