THE CIRCLE | Emma Watson dans le réseau de Ponsoldt
Qui ?
Oui, il sera possible de voir Emma Watson au cinéma en 2017 sans avoir à encaisser le logo Disney. Porte-parole, égérie, référence de la pop culture et figure médiatique, l’Anglaise est avant tout une actrice qui cherche à sortir de la franchise d’Harry Potter. Un virage qu’a su adopter avec brio Daniel Radcliffe (Horns, Swiss Army Man, Imperium), par exemple. Ce virage prend la forme d’une jolie courbe : celle de The Circle, dont la bande annonce vient de sortir sur le net. Bien avant qu’une quelconque image ait le temps d’atterrir sur nos rétines, le projet semble déjà alléchant.
The Circle est piloté par James Ponsoldt. Habitué à manier son casting avec malice, Ponsoldt aime jouer avec un duo à la fois complice et rival. Face à l’ingénue Emma Watson, la figure tutélaire est jouée par Tom Hanks. Un choix convaincant, tant le rôle d’humaniste universel et de good guy d’Hollywood lui colle à la peau, au moins médiatiquement. On donne toute confiance à l’acteur pour insuffler le soupçon de profondeur maligne dont il sera nécessaire pour porter les enjeux de The Circle.
Autour du tandem porteur, les présences de jeunes pousses prometteuses. John Boyega (Star Wars VII), Karen Gillian (The Mirror) et Ellar Coltrane (Boyhood) sont contrebalancés par l’expérience et le bagout de Patton Oswalt et Bill Paxton.
Quoi ?
Adapté du roman éponyme de Dave Eggers, The Circle est un film d’anticipation qui, dans le plus grand style du genre, trace un trait entre une des caractéristiques majeures de notre époque, et ses potentielles conséquences dans un futur proche. Pilotée par un CEO charismatique et grand orateur (Hanks), une toute-puissante société de services technologiques, Google The Circle, drapée des meilleures intentions humanitaires au moins dans les déclarations, dispose d’une armada de périphériques, caméras et vidéosurveillance pour tout voir, savoir et enregistrer.
À la croisée de la série Black Mirror et du classique 1984, sur un fond de l’excellent morceau “Private Eyes” de Lenachka, Emma Watson est une jeune employée grimpant rapidement les échelles de la compagnie, jusqu’à en entrevoir les rouages malsains. S’annoncent une plongée cynique sur la toute-puissance des grands conglomérats de la Silicon Valley et un questionnement sur la valeur des données et des manipulations d’algorithmes, avec le spectre “Google” planant au-dessus de toutes les paires d’yeux de spectateurs.
Quand ?
Le soleil californien des start-up des nouvelles technologies se reflète avec un joli 12 juillet, en plein cagnard estival, pour la sortie en salles en France.
Pourquoi ?
Réalisateur américain reconnu pour ses oeuvres indépendantes, les deux précédents films de James Ponsoldt suffisent à surveiller la sortie du long-métrage d’un œil attentif. Révélé par Smashed, avec Aaron Paul et Mary Elizabeth Winstead, ce drame faussement léger mais diablement efficace est porté par son propos sur la lente descente aux enfers d’un couple consumé par l’alcool. Son suivant et dernier opus, The Spectacular Now, malgré des atouts indéniables et une fraîcheur vivifiante, ne lui permet pas de franchir la marche qui le sépare des grands.
C’est peut-être là la valeur ajoutée de The Circle à Ponsoldt : sortir du carcan d’une intrigue de personnage pour se transcender via des enjeux sociétaux. Déjà plus que capable lorsqu’il s’agit de filmer des émotions qui consument ses protagonistes, le pari est grand pour le réalisateur américain, sortant du confort de l’étiquette “indépendant” pour s’aventurer dans les friches d’un script jouant avec la vision d’un système dans sa globalité. On attend beaucoup de ce film, révolutionnant les codes de l’informatique dans son sujet, et secouant les codes du cinéma de son auteur.