THE SEARCH
Tchétchénie, 1999. The Search raconte, à échelle humaine, quatre destins que la guerre va amener à se croiser. Après l’assassinat de ses parents dans son village, un petit garçon fuit, rejoignant le flot des réfugiés. Il rencontre Carole, chargée de mission pour l’Union Européenne. Avec elle, il va doucement revenir à la vie. Parallèlement, Raïssa, sa grande sœur, le recherche activement parmi des civils en exode. De son côté, Kolia, jeune Russe de 20 ans, est enrôlé dans l’armée. Il va petit à petit basculer dans le quotidien de la guerre.
Transition réussie.
Après l’immense succès international de The Artist, auréolé de plusieurs Oscars dont ceux de Meilleur Film et Meilleur Réalisateur, Michel Hazanavicius a vécu une redescente sur terre un brin brutale avec la réception glaciale de The Search lors du dernier Festival de Cannes. Nous évoquions dernièrement le danger que représentent les festivals (surtout Cannes), capables de faire ou défaire un film de façon déraisonnable. Méfions-nous également de cette fâcheuse manie très franco-française à descendre ceux qui réussissent et brûler nos idoles après les avoir portées aux nues.
Cet accueil décevant aurait au moins eu pour conséquence de renvoyer le cinéaste en salle de montage pour retravailler son film, coupant ou intervertissant certaines scènes pour leur donner plus de poids. N’ayant pas vu le film dans sa version (longue) cannoise, nous ne pourrons juger que le résultat final du métrage pour son exploitation en salle. Et celui-ci est très bon.
Film choral situé en pleine (seconde) guerre de Tchétchénie, The Search raconte ce conflit de quatre points de vue différents : une bénévole des ONG, un jeune orphelin, sa grande soeur (qui le recherche) et un soldat russe d’une vingtaine d’années. Quatre regards sur une guerre méconnue du grand public, mettant notamment en lumière les exactions de l’armée russe et l’impuissance des pouvoirs publics. On perçoit vite que la condition des réfugiés représentait un sujet cher au cinéaste qui raconte leur fuite et leur désespoir après avoir recueilli de nombreux récits avant de se lancer dans ce projet.
Pour narrer cette histoire, il a imaginé un mélodrame romanesque (inspiré d’un film de 1948 dont il reprend le schéma), permettant à n’importe quel spectateur lambda d’être embarqué dans cette histoire, quelles que soient ses connaissances historico-politiques. Il offre ainsi un témoignage fictif mais visiblement très documenté sur ce drame militaire. Si l’on pourra toujours lui reprocher d’avoir conserver quelques scènes « contestataires » maladroites (la séquence du discours de Carole) et que l’on regrettera un éventuel manichéisme (jamais la question du véritable terrorisme tchétchène n’est évoquée), on appréciera en revanche qu’il ne cherche pas à sanctifier ses personnages et qu’il mette en lumière cette catastrophe humanitaire insuffisamment racontée. Mais ne vous y méprenez pas, The Search n’est pas un film excessivement tire-larmes ou pesant. S’il y a de beaux moments d’émotion, il ne faut pas oublier que l’humour nait parfois de la tragédie, donnant lieu à de très belles scènes, tendres ou drôles.
Enfin, le long-métrage de M. Hazanavicius bénéficie d’une très belle distribution. Bérénice Béjo confirme qu’elle est l’une des comédiennes françaises les plus appréciables de sa génération tandis que les deux jeunes Maxim Emelianov et Abdul Khalim Mamatsuiev sont de vraies révélations. Pour compléter le casting, la brillante Annette Bening offre une nouvelle prestation irréprochable dans un second rôle précieux mais plus en retrait.
Le cinéaste a réussi son pari : créer l’empathie et informer, par le biais de la fiction. Grâce à une écriture subtile et à une narration remaniée, Michel Hazanavicius offre au spectateur un film humaniste, instructif et terriblement touchant. Une transition réussie pour le réalisateur oscarisé qui a su aller dans une direction où on ne l’attendait pas forcément.
La fiche
THE SEARCH
Réalisé par Michel Hazanavicius
Avec Bérénice Bejo, Annette Bening, Maxim Emelianov, Abdul Khalim Mamatsuiev
France – Drame
Sortie en salles : 26 Novembre 2014
Durée : 134 min
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Constat forcement amer de l’état d’un monde en état de guerre. Entre fausses causes, mais vrais conséquences, celles qui créent des monstres déshumanisés et ceux qui les subissent dans leur chair et esprit. Sans lyrisme « hollywoodien » mais pas sans forces, Hazanavicius nous démontre qu’il peut avoir le regard d’un vrai metteur en scène. A développer.
Merci pour ce beau commentaire, que je rejoins. Hazanavicius fait preuve d’un beau sens de la mise en scène s’appuyant sur une narration prenante et réaliste.