TIMBUKTU
Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans. En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football… Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques. Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur qui s’en est pris à GPS, sa vache préférée. Il doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants venus d’ailleurs…
J’ai rêvé de l’Afrique.
Injustement oublié au palmarès principal du dernier festival de Cannes, Timbuktu avait pourtant l’étoffe pour la récompense suprême – finalement attribuée à Winter Sleep. Passons sur cet « oubli » du jury de Jane Campion et revenons à l’essence même de ce film maîtrisé. Sissako signe une œuvre (évidemment) politique sans pour autant tomber dans le pamphlet attendu. L’histoire d’un éleveur et de sa famille, vivant dans les dunes proches de Tombouctou, aborde la prise de la ville par des djihadistes imposant leurs règles absurdes et persécutant une population jusque là libre.
Le scénario, ouvertement déconstruit, alterne entre le quotidien de cette famille, dont le destin va basculer suite à une mort accidentelle, et des scènes racontant les bouleversements dans cette nouvelle vie sous le signe de la charria. Ce sont d’ailleurs ces changements de ton et de rythme qui peuvent par moments dérouter mais la force de ce qui est dénoncé ajoutée à des scènes d’une parfaite poésie permettent d’affirmer que cette œuvre marquera le cinéma africain.
Il est bien sûr question de violence, mais le réalisateur évite de verser dans le sensationnalisme et teinte cette brutalité de scènes étrangement drôles comme la difficulté d’enregistrer un sermon religieux devant la caméra ou encore la présence d’une demi-folle constamment flanquée d’un coq. Une séquence d’apesanteur où des enfants jouent au foot sans ballon permet de cristalliser le propos du cinéaste face à l’aberration de tous ces interdits religieux. Cette perte de liberté fondamentale se retrouve également dans l’impossibilité de chanter, de danser, de tout simplement vivre.
Cruellement dans l’actualité, Timbuktu se pose en rempart contre le fondamentalisme grâce à une vision audacieuse et courageuse de l’Afrique.
La fiche
TIMBUKTU
Réalisé par Abderrahmane Sissako
Avec Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Abel Jafri…
France, Mauritanie – Drame
Sortie en salle : 10 Décembre 2014
Durée : 105 min
Rebonjour, j’ai trouvé ce film aussi très courageux mais je n’ai pas été autant remuée que je m’y attendais. A vouloir ne pas faire dans le « tire-larmes », j’ai trouvé ce film presque froid. Dommage. Bonne journée.
Loin de tout manichéisme, le film pointe l’absurde et l’horreur de lois djihadistes (la partie guerrière, seule retenue) qui s’invitent de force a une population qui ne demandait qu’a vivre sereinement dans la paix et avec foi.
Sissako met en scène des rétrogrades multi-éthniques qui connaissent, utilisent et jouissent de la modernité qu’ils combattent. Interdiction de jouer au football tout en connaissant les championnats, lapidation pour adultère tout en convoitant la femme de son prochain… Interdiction de chant et musique, même à la gloire d’allah, de porter des pantalons long, obligation aux femmes de porter gants et et chaussettes en plus du voile…
Fin. Un peu trop parfois. La poésie vient s’inscrire de manière maladroite comme avec ce match sans ballon, cette danse qui viens de nulle part.
Mais les idées sont fortes, tout comme les plans, photographie et cadrages, magnifiques.
A voir ne serais-ce que parce qu’il propose une autre fa9on de montrer des choses terribles, sans effets appuyés.
Une déception… Oui pour le fond (évidemment) mais dans la forme bof. Montage peu inspiré et surtout des acteurs pour la plupart particulièrement mauvais…
[…] mon choix du coeur et de la raison à Sils Maria d’Olivier Assayas. Toutefois, Timbuktu et Saint Laurent paraissent toutefois légèrement favoris. À moins que Les combattants ne profite […]
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