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TO LIVE AND DIE IN L.A

Richard Chance est un flic tête brûlée, obsédé par la traque du faussaire Rick Masters. Le jour où son coéquipier est abattu alors qu’il menait une opération en solo, Chance va peu à peu dévier de la légalité pour parvenir à ses fins et régler ses comptes… dans un bain de sang.

Vice city.

Depuis de nombreuses années, les cinéphiles et professionnels se sont mis en tête de réhabiliter les films méconnus de William Friedkin. Le plus bel exemple de cette envie reste Sorcerer, dont la ressortie aura permis aux spectateurs de prendre une claque monumentale face à cette adaptation – plutôt libre – du roman de Georges Arnaud. Le dernier film en date a avoir eu le droit à une restauration complète, en janvier dernier plus précisément, n’est autre que To live in die in L.A (Police Fédérale, Los Angeles en VF) et ce choix n’est sûrement pas un hasard. La patte de William Friedkin, sa froideur et sa capacité à esthétiser la violence sont bel et bien présents faisant de To live in die in L.A une expérience cinématographique hors norme, témoignage d’une époque révolue souvent piètrement imitée ces dernières années au cinéma : les eighties.

William Friedkin abandonne ici les couleurs froides de ses précédents films, L’Exorciste et French Connection les premiers, pour le soleil de Los Angeles. Le réalisateur nous fait suivre la vie plutôt mouvementée de Richard Chance (William Petersen) à travers une criminalité omniprésente et une violence décomplexée. Derrière ces couleurs chatoyantes se trouve une noirceur d’âme représentée par le personnage de Rick Masters (Willem Dafoe) qui malgré ses cols roulés et sa coupe de cheveux impeccable de premier de la classe représente une terrible menace.

Chez les flics de Los Angeles, le boulot c’est le boulot. Pas de temps pour la vie personnelle ou familiale, la seule relation charnelle que partage Richard Chance est mécanique, ne sert qu’à obtenir des informations utiles à son enquête sur un trafic de fausse monnaie (et meurtres, accessoirement). Pourtant, impossible de ne pas ressentir un véritable attachement pour ce personnage dénué de tous sentiments – en apparence ? – et dont le seul lien fraternel sera brisé dès les premières minutes du film. C’est à cet instant que To live and die in L.A bascule et efface toute forme d’émotion possible chez les personnages de William Friedkin. Mais cet effacement ne signifie pas platitude des protagonistes. Au contraire, l’intérêt n’est que grandissant face à ces héros évoluant dans un monde où le moindre coup de pistolet signifie la mort.

Sorti en 1985, période propice aux action movies, To live and die in L.A emprunte plutôt le chemin du réalisme et embarque le spectateur à travers une enquête policière qui prend à la gorge. Ici, rien n’est prévisible et William Friedkin ne ménage jamais le spectateur, son film est jusqu’au-boutiste et n’épargne rien à ses héros.

La force de To live and die in L.A se trouve à travers la mince frontière séparant le Bien et le Mal. Là où Rick Masters incarne un psychopathe propre sur lui et calculateur, n’hésitant pas à mouiller la chemise (entendez par là : tuer de ses propres mains), son adversaire Richard Chance revêt parfois les mêmes caractéristiques. Mettre en danger sa propre vie et bafouer les règles ? Pas de soucis. La fin justifie les moyens. Même si cela implique une course poursuite en plein Los Angeles à contre-sens sur l’autoroute. De mémoire de cinéphile, cette séquence représente sans doute l’une des plus impressionnantes courses-poursuites vues sur grand écran. Bercée par le bruit de moteur des voitures, une caméra fluide permettant de suivre entièrement l’action dans une ville dépeinte comme industrielle avec ses routes et son béton. N’espérez donc pas y voir les lumières néons si souvent fantasmées dans des films (Drive de Nicolas Winding Refn) ou des jeux vidéo (Gran Theft Auto : Vice City) se déroulant à L.A. Los Angeles est un personnage comme un autre, sale, poussiéreux, rongé par le mal. Une ville qui impressionne le spectateur par son immensité et sa capacité à transformer le plus vertueux des Hommes en monstre, chemin que prend petit à petit l’inspecteur John Vukovitch (John Pankow), partenaire de Richard Chance.

Ne pas évoquer la musique de To live and die in L.A serait un crime encore plus odieux que ceux commis dans le film. Composée par Wang Chung, la bande-originale fleure bon les 80’s et les synthés. Tout est authentique, éloignée des nombreux ersatz nés ces dernières années dans un espèce de mouvement faussement nostalgique de cette époque. Les morceaux accompagnent parfaitement To live and die in L.A, en témoigne cette scène pendant laquelle Rick Masters prépare des faux billets avec minutie. Wang Chung a parfaitement saisi l’essence du film de Friedkin et arrive à définir son univers sonore jusqu’au plan final (qui a lieu après générique, n’éteignez pas votre lecteur pendant ce dernier) à travers l’excellent morceau « Wait ».

Oeuvre majeure de la filmographie de William Friedkin, pourtant passée inaperçue à sa sortie, To live and die in L.A mérite d’être réhabilitée et analysée avec minutie tant cette dernière regorge d’éléments. Sa photographie, sa bande-sonore, ses personnages, son écriture, la ville de Los Angeles… Tout y est traité avec le perfectionnisme et le talent que l’on connait de William Friedkin. Indispensable.

La fiche

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TO LIVE AND DIE IN L.A (Police Fédérale, Los Angeles)
Réalisé par William Friedkin
Avec William L. Petersen, Willem Dafoe, John Pankow…
Etats-Unis – Policier, thriller
Sortie (version restaurée) : 4 janvier 2017
Durée : 116 min




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