VICKY
A presque 30 ans, Victoria Victoire la petite dernière de la célèbre famille Bedos Bonhomme, l’éternelle enfant sage de la tribu, décide enfin de s’émanciper en découvrant l’alcool, le sexe, et… sa voix. Grâce à Banjo, un chanteur de bar et d’Elvis, elle va réussir à prendre son envol en chantant l’amour avec pudeur et le sexe sans tabou, et entraîne sa mère avec elle au grand dam de son père et de son frère.
Pauvre petite fille de riches.
Victoria Bedos Victoire Bonhomme n’est pas épargnée par l’école de la vie. Coincée entre un père humoriste grincheux, Guy Bedos Albert Bonhomme, et son frère star queutard, Nicolas Bedos Tim Bonhomme, elle peine à exister. Nouvellement célibataire et au chômage, elle doit trouver un petit job pour ne plus dépendre financièrement de papa et maman. Mais attention, elle ne postule pas à un poste de serveuse au MacDo. Non, elle tente direct de devenir chroniqueuse radio grâce aux contacts de papounet. Mais c’est la triste réalité de la France de 2016 : le piston ne fonctionne plus à tous les coups. Alors, elle demande à son frangin de lui trouver un petit truc à la télé, « même en régie » (sic). Or, le malotru ose lui signaler que ça ne marche pas comme ça. Pour se venger de ce connard, elle fait un aller-retour de Paris à Marseille à bord d’un taxi que le frangin indigne devra payer (chez les Bedos Bonhomme, on n’est visiblement pas à 5.000 euros près).
Au bord du gouffre, il ne reste alors plus à Victoria Victoire qu’à se lancer dans la chanson. Seul moyen pour elle de ne pas rater sa vie. Ça tombe bien, elle s’entiche d’un type qui chante bien un morceau d’Elvis Presley (dont elle est fan). Elle couchera avec son pote, mais qu’importe, Elvis, euh, pardon, « Bandjo », est sympa. Et il est OK pour composer la musique qui accompagnera ses textes. Dans ses chansons, Victoria Victoire raconte qu’elle aime le sexe et l’alcool. Psychodrame chez les Bedos Bonhomme. Le père et le fils ont trop la honte (cela faisait longtemps que le cinéma ne nous avait pas livré un film aussi à charge contre le sexisme).
Mais qu’on se rassure, tout finira bien. Après s’être plantée en scooter – deux-roues que Nicolas Tim, pas rancunier, lui a offert après qu’elle lui a fait le coup du taxi à 6.000 boules (!) – elle fera la paix avec ses proches. Il faut dire que les liens familiaux ont été resserrés après la mort du chien de la maison. C’est bien pratique les animaux de compagnie. Vicky Bandjo – le nom du duo de scène de Victoria/Victoire et Elvis/Bandjo – peut donc assurer son concert à l’Olympia (rien que ça) ! Il se produisent en première partie de Benjamin Bioley Moy, mais on a l’impression que les vraies stars, ce sont eux. Tout le monde est émotionné par tant de talent. Les Bedos Bonhomme ont la larme à l’oeil. Victoria Victoire a pris sa revanche sur la vie qui lui en a tellement fait baver. Bon, en vrai, Victoire Bonhomme Victoria Bedos, qui a cosigné le scénario inspiré de son existence affreusement torturée – au cas où on en aurait douté – nous inflige surtout un exutoire psychothérapeutique assez gênant. Et le petit truc bonus tout croquignolet, c’est que – je n’invente rien – le film nous est conté en voix off par… le vagin de Victoria/Victoire/Vicky.
Le disque de Vicky Banjo est vraiment dispo dans le commerce : Vicky est donc un film méta. Mais pour que la mise en abyme soit totale, il est conseillé de le regarder dans les chiottes, l’écran plongé dans la cuvette. Car ce truc est tellement insupportable d’entre-soi, d’ego-trip et de private joke sur des soucis de riches qu’il serait capable de donner une furieuse envie à Eric Neuhof de rejoindre les rangs de Nuit Debout. Bref, fuyez !
La fiche
VICKY
Réalisé par Denis Imbert
Avec Victoria Bedos, Chantal Lauby, François Berléand…
France – Comédie
Sortie : 8 Juin 2016
Durée : 88 min