WATCHMEN | Premier teaser de la nouvelle série HBO
Qui ?
Au début, il y a Alan Moore, Dave Gibbons et John Higgins qui se réunissent pour écrire et dessiner le comics Watchmen au milieu des années 1980. L’oeuvre est un succès critique et public colossal, symbole du renouveau de la bande-dessinée américaine, dans le sillage des travaux de Frank Miller avec Marvel (sa série Daredevil) et DC Comics (The Dark Knight Returns paraît en 1986), qui édite aussi Watchmen. Si vous ne l’avez jamais lu, vous ne trouverez pas de résumé ici (pour ne pas gâcher la surprise) alors n’hésitez pas à l’emprunter ou à l’acheter, c’est un classique à lire absolument si vous en avez la possibilité.
Il y eut ensuite le film de Zack Snyder en 2009 (qui récupéra le projet après une quinzaine d’années à passer entre les mains de Terry Gilliam, Paul Greengrass ou encore Darren Aronofsky), qui était une adaptation fidèle et léchée du comics mais pas dénuée de défauts (notamment dans le fond politique de l’oeuvre et sur sa fin convenue). Et enfin (pour le moment), il y a Damon Lindelof.
Lindelof est connu par tous les sériephiles du monde entier pour Lost (2004-2010), dont l’épisode final demeure encore, neuf ans plus tard, un sujet de débats prompt à déclencher des bagarres entre ex-ami.e.s. C’est vite oublier qu’il est aussi à l’origine de la sublime (et malheureusement trop peu regardée) The Leftovers (2014-17), une des meilleures (si ce n’est la meilleure) séries de la décennie en cours, déjà diffusée par HBO.
La série Watchmen n’est, elle, pas un projet récent : la chaîne câblée de la Warner cherche depuis quelques années à la développer et avait proposé dès 2015 à Zack Snyder d’en être le coordinateur, en vain. Ici, HBO s’assure la présence d’un showrunner de grande qualité, qui a fait ses preuves par le passé et qui sait développer des univers denses et complexes sur plusieurs années. Au niveau du casting, que de beaux noms ou presque : Jeremy Irons en Ozymandias (physiquement, on ne peut pas faire mieux), la géniale Regina King (Southland, The Leftovers, The Boondocks,… Bref, plein de bonnes choses), Don Johnson (Miami Vice), Thimothy Blake Nelson (O’Brother), Hong Chau (Treme, Big Little Lies) ou encore Jean Smart (Legion). Et pour les mélomanes, Trent Reznor et Atticus Ross (Nine Inch Nails) composent la BO de la série, gage de qualité certaine (après tout, nous parlons de deux oscarisés pour The Social Network).
Quoi ?
Lindelof a assuré ne pas reprendre l’histoire du comics stricto sensu, ni d’en faire une suite directe, mais plutôt de développer une histoire originale dans le même monde (à savoir une Amérique uchronique en pleine guerre mondiale avec les Soviétiques et des héros et héroïnes costumé.e.s qui y vivent) qui se situe après les événements dépeints dans l’oeuvre originelle (et confirmé par le trailer diffusé par HBO le 8 mai).
Quand ?
Pas encore de date précise, mais Watchmen sortira à l’automne, probablement en octobre ou novembre. En France, la série sera disponible sur OCS le lendemain de la diffusion américaine.
Pourquoi ?
Watchmen n’est pas qu’un simple comics, c’est un monument littéraire et graphique qui est une référence encore incontournable aujourd’hui. Alors, bien entendu, adapter une oeuvre d’Alan Moore est un défi colossal (et jamais véritablement relevé jusqu’ici) ; en allant au-delà de l’histoire du comics, Lindelof évite le jeu des sept différences avec l’oeuvre de base, tout en reprenant un univers foisonnant qui permet ce genre d’exploration narrative. De son côté, le scénariste peut apporter quelques qualités qui lui sont propres : une qualité d’écriture indéniable, des personnages toujours intéressants et complexes, la volonté de questionner leurs rapports au monde qui les entoure ou tout simplement leur humanité, en plus d’y intégrer une touche fantastique et mystique assez unique dans le paysage audiovisuel américain (tout du moins avec cette sensibilité et cette subtilité).
Pour HBO, le défi est aussi important : première oeuvre de super-héros diffusée sur la chaîne (donc il vaut mieux ne pas se louper), gros budget et licence détenue par la Warner (donc pas le droit à l’échec critique et surtout public) et aussi le challenge d’attirer toutes les lumières (positivement) alors que Game of Thrones s’arrête et qu’il faut lui trouver un remplaçant rapidement. En tout cas, avec ce teaser, HBO a réussi cet objectif de médiatisation : cet automne semble être parti pour être celui du smiley aux trois yeux. Tick tock.
